En ouverture du conseil des ministres, et devant les caméras, Emmanuel Macron a pris la parole ce vendredi 21 juillet pour présenter les prochains chantiers de son nouveau gouvernement. S'il n'a pas parlé explicitement d'une loi sur la fin de vie pendant son discours introductif, les défenseurs des soins palliatifs et les opposants à l'euthanasie sont inquiets. En effet la veille, jeudi 21 juillet lors du remaniement, François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, ont été remerciés. Tous deux avaient fait part de leurs réticences face au projet de loi souhaité par le président de la République. De là à voir une sanction, et le souhait de nommer des successeurs plus dociles ?
C'est dans un article du Monde, le 8 avril dernier, que le ministre de la Santé avait assuré que "le débat sur l’aide active à mourir [était] encore ouvert", voulant rassurer les soignants, majoritairement réticents. En tant que médecin lui-même, il reconnaissait qu'une loi légalisant l’euthanasie "changerait profondément notre société et notre rapport à la mort" et qu' « accompagner la mort, ce n’est pas donner la mort", jugeant ainsi l’euthanasie comme "solution extrême". Quelle sera la position du nouveau ministre, Aurélien Rousseau, au profil bien plus politique, puisqu'il est l’ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne et l'ancien patron de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France qu’il a dirigée pendant la crise sanitaire ?
De son côté, Jean-Christophe Combe, qui quitte le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, avait également fait part de ses inquiétudes sur un projet de loi sur la fin de vie, lors d' un entretien au Figaro le 22 juin dernier. "Il faut être très vigilant au signal que nous envoyons aux personnes qui se sentent fragiles ou désespérées et à leurs familles", assurait-t-il, soulignant que l’« aide active à mourir" risquerait "de nous faire basculer dans un autre rapport à la vulnérabilité". Il prônait ainsi "un modèle construit à partir de la personne. Un modèle fait du refus de l’obstination thérapeutique déraisonnable, de soins palliatifs mieux connus et plus précoces, de soutien aux aidants, de liens sociaux". Le ministre se disait également très attaché à une proposition de loi "bien vieillir" qui aurait du être discutée au Parlement le 18 juillet dernier mais qui a été finalement retirée de l'ordre du jour au dernier moment. Un bien mauvais signal.
Jean-Christophe Combe est remplacé par Aurore Bergé, jusqu’ici présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale. Là encore, un profil beaucoup plus politique, voire "bon petit soldat", qui risque fort d'interpeller dans les mois à venir concernant les débats sur le respect de la vie. Si elle s'est récemment déclarée être contre l’euthanasie estimant que ce n’était pas le "bon moment politique", Aurore Bergé a toutefois ajouté ne pas avoir "la prétention" de dire qu’elle ne changerait jamais de point de vue, ce qui lui ai déjà arrivé plusieurs fois d'ailleurs, tout au long de sa carrière politique. Pour mémoire, un projet de loi légalisant une aide active à mourir, mais portant aussi sur les soins palliatifs et les droits des patients doit être présenté en France d’ici la fin de l’été, c’est-à-dire le 21 septembre 2023.