Le pape François a proposé un enseignement sur le sens du mot "martyre", ce "témoignage" rendu par des chrétiens prêts à imiter Jésus et qui transforment la violence subie en une "occasion suprême d’amour", lors de l’audience générale du 19 avril 2023. Il a rappelé que les martyrs étaient plus nombreux aujourd’hui que par le passé, rendant notamment hommage à des religieuses assassinées au Yémen ces dernières années.
"Aujourd’hui il y a tant de martyrs dans l’Église, tant ! Pour avoir confessé la foi chrétienne, ils sont mis au ban de la société ou envoyés en prison", a improvisé le pape François lors de sa catéchèse prononcée devant plusieurs milliers de fidèles réunis place Saint-Pierre. Poursuivant son cycle d’enseignements sur l’évangélisation, le pape argentin a tenu à décrire le "dynamisme spirituel" qui anime les martyrs depuis 2000 ans.
"Les martyrs, à l’imitation de Jésus et avec sa grâce, transforment la violence de ceux qui refusent l’annonce en une occasion suprême d’amour, qui va jusqu’au pardon de leurs bourreaux", a défini le pape François. Il s’est ainsi appuyé sur les paroles de saint Jean qui, dans son Évangile, propose cette réciprocité : "Jésus a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères".
Les martyrs sont les fruits mûrs et excellents de la vigne du Seigneur, qui est l’Église.
Mais, a précisé le Pape, les martyrs "ne doivent pas être considérés comme des ‘héros’" qui agiraient individuellement. Pour François, ils sont au contraire "les fruits mûrs et excellents de la vigne du Seigneur, qui est l’Église", un corps guidé par l’Esprit et qui fait mémoire du don du Christ à travers la célébration de l’eucharistie.
Pour illustrer sa catéchèse, le pape de 86 ans a évoqué le Yémen, une terre "blessée" et "oubliée", frappée par une guerre qui a "causé tant de morts et qui fait encore souffrir tant de personnes, en particulier des enfants".
Il a alors cité les "témoignages de foi éclatants" des sœurs missionnaires de la Charité, encore présentes au Yémen alors que certaines d’entre elles ont été assassinées dans leur mission de service auprès des personnes âgées et handicapées. En juillet 1998, a rappelé la Pape, sœur Aletta, sœur Zelia et sœur Michael, qui rentraient chez elles après la messe, ont été tuées par un fanatique, parce qu’elles étaient chrétiennes. Plus récemment, en mars 2016, sœur Anselme, sœur Marguerite, sœur Reginette et sœur Judith ont été tuées avec quelques laïcs qui les aidaient dans leur travail de charité auprès des plus petits, a ajouté le chef de l’Église catholique.
360 millions de chrétiens persécutés
Il a noté que, parmi ces laïcs assassinés, il y avait aussi des musulmans qui travaillaient avec les sœurs. "Il est émouvant de voir comment le témoignage du sang peut unir des personnes de religions différentes", a souligné le Pape, avant de conclure : "On ne doit jamais tuer au nom de Dieu, car pour Lui nous sommes tous frères et sœurs. Mais ensemble, nous pouvons donner notre vie pour les autres".
Selon l’ONG Portes Ouvertes, 360 millions de chrétiens sont aujourd’hui fortement persécutés et discriminés, soit 1 chrétien sur 7 dans le monde. Dans un rapport publié en janvier 2023, l’organisation protestante décrivait une "augmentation vertigineuse de la persécution en 30 ans", toutes Églises confondues.