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[HOMÉLIE] Le silence du Vendredi saint

Jezus Chrystus na krzyżu

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Mickaël Le Nezet - publié le 06/04/23
Curé de la paroisse de Rochefort, le père Mickaël Le Nezet commente l’évangile de la Passion du Vendredi saint (Jn 18, 1 à 19, 42). Le silence qui s’abat sur le monde après la mort de Jésus est un silence dans lequel va naître l’espérance.

Il n’aura pas fallu beaucoup de délibérations aux hommes du Sanhédrin pour se prononcer. Depuis longtemps, la cause était entendue. Il fallait que Jésus meure ! Alors les choses vont très vite. Jésus est trimbalé d’un lieu à l’autre pour être accusé, moqué, condamné et tué. Et on est là à regarder cette succession de scènes. On y assiste comme témoin, peut-être un peu complice, sans doute un peu craintif pour ne pas dire lâche nous aussi, comme le sera l’apôtre Pierre. Tout s’enchaîne dans un flot de paroles, les accusations injustes, les cris ignobles de ceux qui réclament la mort de Jésus, les mensonges proférés contre lui, le déchaînement de colère, d’agressivité d’une meute de loups prêt à mordre jusqu’au sang. 

Un silence règne

Et il faut la mort de Jésus en croix pour que tout s’arrête, pour que les bruits, les cris, les mensonges fassent place au silence. C’est fini. La mort de Jésus vient faire taire la méchanceté et la lâcheté des hommes. La mort de Jésus vient mettre un terme à ce déchaînement de violence et de haine. "Tout est accompli" (Jn 18, 30). Tout à coup un silence règne. Celui de la consternation de cette multitude dont nous parle Isaïe, devant cet homme défiguré qui ne ressemblait plus à un homme. Celui aussi d’une prise de conscience de jusqu’où l’homme est capable d’aller par jalousie, par orgueil, pour des petits calculs et des questions de pouvoir. Silence devant cette humanité qui veut se passer de Dieu ou même se prendre pour Dieu. 

Mais ce silence de mort dans lequel le Christ Jésus est plongé est pourtant déjà le lieu même d’une victoire annoncée. C’est le silence qui précède la sonnerie des trompettes dans le livre de l’Apocalypse. C’est le silence précédant l’œuvre de la création de Dieu dans le livre de la Genèse. C’est le silence d’où jaillissent des paroles de sagesse et d’encouragement, telles celles de Jésus pour la femme adultère : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus » (Jn 8, 11). Oui il y a des silences qui annoncent déjà la vie. Il y a des silences chargés d’espérance. Il y a des silences qui sont des preuves d’amour. Tel est le silence du Christ sur la croix. Il n’est pas un silence de tristesse et de fin. Il est un silence de confiance en Dieu son Père qui conduit ceux qui lui obéissent jusqu’à la victoire définitive, jusqu’à la vie éternelle. 

Quand il n’y a rien à dire

Le Christ en ce vendredi nous invite à ce silence, à nous tenir en silence au côté de ceux qui souffrent, à garder le silence devant l’absurdité des hommes, à demeurer dans le silence quand il n’y a rien à dire, à goûter le silence qui est un lieu de paix. Le monde a tant besoin de silence pour renaître à nouveau. Nos vies ont tant besoin de silence car c’est là avec le Christ que se reçoit une espérance plus forte que tout, plus forte que la mort. C’est là que s’apprend avec le Christ la patiente confiance qui nous permet de supporter l’épreuve. C’est là que s’invente avec le Christ une solidarité avec nos frères et sœurs en humanité. Dans le silence, nous regardons Celui qu’ils ont transpercé pour recevoir l’Esprit de vie qu’il nous donne déjà en ce jour et nous tenir alors aux pieds des croix des hommes.

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