C’est à Alençon, le 2 janvier 1873, qu’est née Thérèse Martin. Qu’on l’appelle la petite Thérèse, Thérèse de Lisieux ou Thérèse de l’Enfant Jésus, la "plus grande sainte des temps modernes" n’a pas fini de faire parler d’elle. Enfant chérie de l’Église et du monde, elle a dit peu de temps avant sa mort, le 30 septembre 1897 : "Vous verrez, tout le monde m’aimera." Depuis, elle passe son ciel à faire du bien sur la terre. Canonisée en 1925, elle est déclarée patronne des missions deux ans plus tard, puis patronne secondaire de la France en 1944, avec Jeanne d’Arc.
Reconnaissance de l’Unesco
L’État français, soutenu par l’Italie et la Belgique, a présenté la candidature de son illustre citoyenne à l’Unesco afin de souligner en 2023 le 150e anniversaire de sa naissance. Ce sera aussi le 100e anniversaire de sa béatification, le 29 avril 1923. La Conférence des pays membres de l’Unesco a accepté et inscrit son nom parmi les soixante-sept personnalités de plusieurs pays qui célèbrent leurs anniversaires en 2022-2023 et qui ont œuvré dans les domaines de la paix, de l’éducation, des sciences et de la communication. Cette reconnaissance par le monde laïc est une belle occasion de mieux connaître la vie et les écrits de Thérèse, femme de paix et de culture, éducatrice et communicante à sa manière. Son Histoire d'une âme, chef-d’œuvre de spiritualité traduit en plus de 80 langues, a embrasé le cœur de millions de lecteurs à travers le monde.
L’amour seul attire Thérèse : un amour qui s’abandonne, qui pardonne, qui s'émerveille, qui "choisit tout".
En 1997, Jean-Paul II déclarait la jeune carmélite docteur de l’Église, la surnommant "docteur en science de l’Amour" par la nouveauté et l’universalité de sa "petite voie" d’enfance spirituelle. Cette voie de sainteté pour tous se vit dans le "réel de la vie", à travers les petites choses du quotidien. L’amour seul attire Thérèse : un amour qui s’abandonne, qui pardonne, qui s'émerveille, qui "choisit tout". "C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour" (Lettre 197). Pour l’Unesco, "la célébration de cet anniversaire contribuera à donner plus de visibilité et de justice aux femmes qui ont promu les valeurs de la paix par leurs actions". Mais pour Thérèse, c’est Jésus seul qui donnait de la valeur à ses actions :
"Jésus ne m’apprend pas à compter mes actes ; Il m’enseigne à faire tout par amour, à ne Lui rien refuser, à être contente quand Il me donne une occasion de Lui prouver que je l’aime, mais cela se fait dans la paix, dans l’abandon, c’est Jésus qui fait tout et moi je ne fais rien" (Lettre 142).
Désirer aimer Jésus
Le grand désir de Thérèse est d’aimer Jésus et de le faire aimer, sur la terre comme au ciel. N’est-ce pas aussi ce qu’elle souhaite pour nous en cette année 2023 où nous honorons son 150 anniversaire ? Une lecture attentive de ses écrits montre que ces trois mots, "désirer", "aimer", "Jésus", sont ceux qu’elle emploie le plus souvent. Sa spiritualité ne se résume pas en une pratique ou vertu particulière, mais en une intention fondamentale du cœur qui se manifeste par une ouverture confiante à l’action de Dieu et par un désir brûlant de vivre d’amour.
Elle demeure pour tous la sainte des petits pas, des mains vides, des cœurs d’enfant pour qui "tout est grâce"
"L'âme de Thérèse de Lisieux est une petite fille qui tire Dieu par la manche", écrivait le poète Christian Bobin dans Les Ruines du ciel. Sa pratique de l’amour a inspiré des personnes aussi différentes que Georges Bernanos, Dina Bélanger, Édith Piaf, Jean Guitton, Élisabeth de la Trinité, Maximilien Kolbe, Édith Stein, Marcel Van, Marthe Robin, mère Teresa, le pape François... Elle peut aussi rejoindre les jeunes d’aujourd’hui en quête d’espérance par sa manière douce et joyeuse d’accueillir ses fragilités et ses imperfections qui l’ouvrent à la miséricorde divine. Thérèse de Lisieux, femme de culture, d’éducation et de paix ? Sûrement. Mais elle demeure pour tous la sainte des petits pas, des mains vides, des cœurs d’enfant pour qui "tout est grâce".
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