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La messe est "la source et le sommet" de la vie chrétienne dit avec force le concile Vatican II. Parce qu’elle actualise, c’est-à-dire rend manifeste aujourd’hui, la mort et la passion du Christ qui, par son sacrifice, nous ouvre les portes de la vie éternelle. Il nous y attend depuis l’Ascension, et nous a donné la force de vivre dans cette attente et d’y convier nos frères et sœurs humains à la Pentecôte en nous laissant l’Esprit saint.
Le mystère pascal est bien le centre de notre foi, c’est-à-dire de la vie chrétienne. Mais si le Christ a pu nous faire le don de sa vie pour que nous la possédions pour toujours, c’est bien grâce à l’incarnation et donc à sa naissance.
Une méditation sur la communion
La fête de Noël nous fournit ainsi l’occasion de redécouvrir certains aspects de l’eucharistie que nous aurions pu laisser passer ou qui ne nous semblent plus si extraordinaire, habitude oblige. À commencer par la position des chaises dans la plupart des églises. Si nous sommes tournés vers l’Orient, comme un long cortège, c’est dans l’attente du Sauveur. Celui qui reviendra pour le jugement, le même qui est venu dans la crèche, le même qui est là présent sur l’autel. L’Église militante, comme on désigne d’ordinaire les fidèles en marche vers la patrie céleste, est ainsi à la messe comme durant le temps de l’Avent, entre passé, présent et futur.
L’incarnation se manifeste aussi à la messe à travers la place accordée à la Parole de Dieu. "Le Verbe s’est fait chair" nous dit saint Jean en son prologue si théologique, lu le jour de Noël comme évangile. Noël est ainsi la fête de la révélation : Dieu qui nous a parlé dans ses prophètes et dans sa fidélité au peuple hébreu malgré sa faiblesse, se révèle ultimement à nous en prenant notre chair. Vraiment, Dieu est amour. Vraiment, il vient à notre secours. Vraiment, son dessein est que nous vivions avec lui, corps et âme, à jamais.
Saint Jean, l’auteur du Nouveau Testament qui a sûrement le plus approfondi le mystère de l’incarnation, ne le dit pas autrement (1 Jn 1, 1-3) :
"Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or nous sommes, nous aussi, en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ."
Comment mieux résumer, à la fois l’incarnation et l’expérience faite à la messe ? Nous entendons la Parole de Dieu, puis elle vient à nous.
Dieu s'est rend présent dans ne chair faible
Assurément, la Nativité est une méditation de la transsubstantiation et de la communion, au sens de consommer le corps du Christ. Il y a deux mille ans, Dieu lui-même s’est en effet rendu présent dans une chair faible. Alors que nos yeux contemplent un bébé gazouillant dans ses langes, la foi nous fait contempler le fils du Père, Dieu lui-même. Comme lorsque nous disons "amen" au prêtre qui nous présente un bout de pain azyme, parce que nous croyons que cette hostie est réellement le corps du Sauveur. Depuis sa mangeoire où Marie l’a déposé, à Bethléem – qui peut signifier "Maison du pain" en hébreu – Jésus se laisse consommer, par amour. Et, de la même manière que Dieu a habité dans ce corps de nouveau-né, nous communions en priant pour que la vie de Dieu prenne corps dans notre vie et nous fasse aimer à la fois le Créateur et ses créatures.
"Il est grand le mystère de la foi" s’exclame le célébrant après la consécration. De même devant la crèche pourrions-nous dire "Il est grand le mystère de la foi". Il est grand, ce Dieu qui vient à nous si faiblement, il est grand ce corps sans défense qui nous donne la force d’aimer. Soyons des mangeoires accueillantes et reconnaissantes !