La répression exercée par la junte birmane ne cesse de sévir contre la communauté catholique. Le village de Mon Hla, situé au nord de de la Birmanie, a été jeudi 24 novembre la cible d’une attaque perpétrée par l’armée au pouvoir. Plusieurs centaines de maisons ont en effet été détruites après avoir été intégralement incendiées. On ne sait pas à ce jour si l'église Saint-Michel, le couvent et le presbytère du village sont toujours debout. Les maisons du cardinal Charles Bo et de Mgr Tin Win, archevêque de Mandalay, ont en revanche été détruites. Aucune information concernant des victimes potentielles n’a pu être donnée.
Cet assaut a eu lieu après que des combats ont éclaté entre l’armée birmane et les Forces de Défense du Peuple, qui s’opposent à la junte, et au cours desquels des dizaines de militaires ont été tués. En réaction, des avions de chasse auraient attaqué le village de Mon Hla près duquel se sont déroulés les affrontements. C’est la deuxième fois que ce village, où vivent catholiques et bouddhistes, est visé par la junte. En juillet, ses habitants avaient été contraints de fuir pour s’abriter et échapper aux frappes aériennes.
D’autres villages catholiques ciblés par l’armée du Myanmar
Le village de Mon Hla n’est pas le seul à avoir subi des dommages. Près de 800 habitations ont été détruites entre mai et juin 2022, notamment dans les villages du nord à majorité catholiques de Chan Thar et de Chaung Yoe, tuant une dizaine de personnes. Ces deux derniers dépendent comme Mon Hla de l’archidiocèse de Mandalay, et sont régulièrement visés par le régime parce qu’ils concentrent un nombre accru de membres des forces de défense populaires. Un village à majorité musulmane, Kyi Su, est également concerné : le 18 juillet, plusieurs militaires avaient été parachutés, procédant à des arrestations arbitraires avant de brûler maisons, lieux de culte et bâtiments scolaires.
Le coup d’État militaire du 1er février 2021 a replongé la Birmanie dans le chaos. Une fois l’armée au pouvoir, un mouvement de résistance et de désobéissance civile s’est formé, entraînant des affrontements sanglants entre les protagonistes luttant pour le pouvoir, ainsi qu’une vaste politique de répression contre la population birmane refusant de se soumettre. Les chrétiens sont minoritaires dans ce pays à majorité bouddhiste. Ils représentent à peine 6% de la population, dont 3% sont catholiques. Outre les villages incendiés, les églises sont régulièrement profanées et détruites, les prêtres arrêtés, et les chrétiens parfois sauvagement assassinés. Plusieurs exactions ont été recensées contre cette minorité déjà victime de discriminations avant même le coup d’État.