Bonne nouvelle pour les chrétiens du Pakistan. La Cour suprême du Pakistan a accordé fin août la liberté sous caution à trois chrétiens accusés de blasphème, rapporte l’agence Fides. Dans le premier cas, les juges ont accordé la liberté sous caution à Salamat Mansha Masih, éboueur à Lahore, la deuxième plus grande ville du pays, qui était en prison depuis 18 mois. Il avait été arrêté avec un collègue après que quatre étudiants musulmans ont déposé une plainte contre eux, accusés de prêcher le christianisme et d'offenser l'islam. « "Je n’ai jamais vu un cas où un chrétien a accusé un musulman de blasphème », a réagi le magistrat Qazi Faez Isa lors de l’annonce sur sa remise en liberté sous caution. « Nous devrions être reconnaissants à nos frères chrétiens pour leurs efforts de nettoyage de nos villes".
Dans la deuxième affaire, deux chrétiens, Patras Masih et le pasteur protestant Raja Waris, résidents de Lahore, ont été libérés sous caution par les juges de la Cour suprême dans une affaire défendue par l'avocat Saif-ul-Malook (l'avocat musulman qui a défendu Asia Bibi). Patras Masih, âgé de 22 ans, est en prison depuis quatre ans et demi, accusé d'avoir tenu des propos blasphématoires sur le prophète Mahomet. Le pasteur Raja Waris était quant à lui en prison depuis 20 mois pour blasphème, également accusé d'avoir publié un message sur Facebook.
Six chrétiens libérés en 2022
Joseph Jansen, président de l'ONG " Voice for Justice " s’est félicité de ces décisions auprès de l’agence Fides : "Nous remercions les juges d’avoir accordé la liberté sous caution aux trois chrétiens, mais nous restons très préoccupés par l'utilisation abusive des lois sur le blasphème qui cible des personnes innocentes ". Comme le note la Commission nationale pour la justice et la paix (NCJP) du Pakistan, six chrétiens accusés de blasphème ont été libérés sous caution en 2022. Selon le "Centre for Social Justice"
Actuellement, la loi pakistanaise prévoit la peine capitale pour quiconque est reconnu coupable d’avoir insulté l’islam ou le prophète Mahomet. Mais de nombreux opposants dénoncent une instrumentalisation de cette loi afin de régler des conflits personnels ou de s’attaquer à des minorités religieuses. Par ailleurs, même en cas d’acquittement, les personnes qui ont été accusées de blasphème sont souvent la cible de lynchage voire d’assassinat par la suite.