Le veuvage est une rude période qui met à l’épreuve la résilience de la personne. Mais Raymond Gayrard, issue d’une famille toulousaine du XIIe siècle, a réussi à y voir une occasion de se mettre au service de Dieu. Cet architecte de talent possède depuis l’enfance un profond attrait pour la prière notamment par le biais du chant. Il fait de belles études au monastère de Saint-Sernin, où il se spécialise en architecture romane et obtient également l’office de chantre ou guide de louange. Il hésite à rentrer dans les ordres mais finit par se marier.
Après la mort de son épouse, Raymond décide de se consacrer à Dieu et devient chanoine à Saint-Sernin. Son premier souci est de s’occuper des pauvres. Au lieu de se contenter de l’aumône pure et simple, il fait construire des hospices pour les accueillir et fait son possible pour leur trouver du travail afin qu’il se sortent eux-mêmes de la misère. Il convainc aussi la noblesse toulousaine de financer la construction un hôpital pour les pauvres. Mais Raymond use également sa fortune personnelle à la construction de ponts sans péage sur l’Hers.
Et une bonne partie de son temps est consacré à l’enseignement. Vers 1078, le nombre de pèlerins venus se recueillir sur la tombe de saint Saturnin (dit saint Sernin) augmentent, la basilique se fait trop petite pour accueillir tout le monde. Raymond destine alors ses ressources à la construction de la nouvelle basilique qui deviendra un patrimoine iconique de Toulouse. Il ne voit malheureusement pas la fin des travaux puisqu’il rend l’âme le 3 juillet 1118. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Raymond de Toulouse fit bon usage de son veuvage.