L'étau se resserre autour des chrétiens de Hong Kong. Le Hong Kong Catholic Social Communications Office, service de communication du diocèse de Hong Kong, vient de faire savoir mardi 24 mai leur qu'il n'y aura pas de messes commémoratives le 4 juin en souvenir du massacre de la place Tiananmen en 1989, comme c’est pourtant le cas depuis 30 ans. Plusieurs membres du diocèse ont ainsi exprimé leur inquiétude, "parce que le personnel de première ligne et certains membres de la Commission Justice et Paix du diocèse catholique de Hong Kong s'inquiètent de savoir si la tenue de cette soirée sera en violation de la loi sur la sécurité nationale, nous n'organiserons pas de messe commémorative le 4 juin", a ainsi déclaré le bureau. "Selon la foi catholique, il y a différentes façons de commémorer ceux qui sont morts. La tenue de messes est bien sûr l'un des moyens, mais prier pour ceux qui sont morts en privé ou en petits groupes est également très significatif", est-il précisé dans le communiqué.
Renforcement du contrôle de Pékin
Si en Chine continentale, la population n'est pas autorisée à organiser des commémorations officielles de "l'incident du 4 juin" à Tiananmen, jusqu’à présent, Hong Kong, qui était une région administrative spéciale, organisait des veillées annuelles à la mémoire des victimes, bénéficiant d’une relative liberté de culte. Mais ces dernières années, Pékin a renforcé son contrôle sur le territoire insulaire et a réprimé la dissidence, en interdisant déjà, en 2020 puis en 2021, les commémorations publiques de Tiananmen, officiellement en raison des restrictions du Covid-19.
Si les autorités chinoises n’ont pas souhaité faire savoir si les manifestations de commémoration étaient de nouveau interdites cette année, ni si elles constituaient une violation des lois sur la sécurité, au vue des récentes arrestations, la commission Justice et Paix du diocèse de Hong Kong a pris les devant annonçant l'absence de messes commémoratives.
Plusieurs personnalités catholiques arrêtées
Avec l'adoption en juillet 2020 de "lois sur la sécurité nationale", le gouvernement chinois s'est emparé de plus de pouvoir pour réprimer les manifestations pro-démocratie à Hong Kong, qu'il considère comme un défi direct à son pouvoir. C’est dans ce cadre que plusieurs personnalités catholiques de premier plan ont été arrêtées pour des violations apparentes des nouvelles lois sur la sécurité, qui criminalisent de nouvelles catégories de sécession, de subversion, de terrorisme et de collusion avec des forces étrangères. Toute personne reconnue coupable en vertu de cette loi est condamnée à un minimum de 10 ans de prison, avec la possibilité d'une condamnation à perpétuité.
Parmi les personnes arrêtées, en août 2021, le magnat des médias Jimmy Lai, catholique et milliardaire, qui a été condamné en décembre de la même année, à 13 mois de prison pour rassemblement illégal, à la suite de sa participation à la vigile annuelle de la place Tiananmen.
Quant au cardinal Joseph Zen, 91 ans, évêque émérite de Hong Kong, il a été arrêté le 11 mai dernier, puis libéré sous caution le jour même. Le tribunal vient de l’ inculper ce 24 mai avec quatre autres éminents défenseurs de la démocratie, des administrateurs du Fonds de secours humanitaire 612, qui aide les manifestants pro-démocratie à payer leurs frais de justice. Son procès s'ouvrira le 19 septembre.