Suivre l’Évangile et mettre en pratique l’enseignement du Christ, c’est ce que frère Andrzej Mońka, séminariste chez les dominicains à Cracovie (Pologne), s’efforce de faire quotidiennement. Mais depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine le 24 février, cette volonté de se conformer au message du Christ l’a mené vers des chemins inattendus. Depuis plus de deux semaines maintenant, il coordonne la réponse du monastère dominicain de Cracovie. À ce jour, le monastère a hébergé temporairement 108 réfugiés ukrainiens. Aujourd’hui, près de 50 hôtes vivent dans ses murs.
"J'ai demandé au frère qui supervise les séminaristes de m’occuper de cette aide", explique Andrzej. "J’avais hâte d’aider à organiser des places pour les réfugiés ici au monastère". Avec l’accord du responsable du monastère et des membres du conseil, il a reçu l’autorisation de commencer à préparer les hébergements inutilisés pour accueillir les réfugiés.
Une présence qui remonte à 800 ans
Le monastère dominicain de Cracovie est en effet un complexe massif. Les dominicains vivent et prient ici depuis 800 ans, depuis que saint Dominique a envoyé saint Hyacinthe pour établir l’ordre en Pologne. Le saint fondateur est d’ailleurs enterré dans la basilique de la Sainte Trinité, une ancienne église qui fait partie du complexe du prieuré.
Bien connus à Cracovie, les dominicains soutiennent déjà de nombreuses activités allant du centre liturgique dominicain qui compose et enseigne la musique liturgique à l’aumônerie universitaire. Ils se sont appuyés sur tous ces réseaux pour accueillir les réfugiés. "Nous avons proposé à de nombreuses personnes de nous aider", reprend le séminariste. "Nous avons dû préparer les appartements rapidement. Il y a eu beaucoup de nettoyage et de déménagement de meubles pour être prêts à accueillir les réfugiés". Les étudiants et les fidèles se sont aussi largement mobilisés pour laver les vitres, récurer les sols, faire les lits et faire des courses.
"Nous sommes profondément émus par les histoires de ces réfugiés", confie encore frère Andrzej Mońka. "Un jeune homme est arrivé avec une jambe cassée. Il était enchaîné mais a réussi à s’échapper. Malheureusement dans sa fuite sa hanche a été cassée". À son arrivée, il a eu besoin de soins médicaux immédiats et importants. Ils ont également accueilli une famille musulmane.
Il est déjà difficile pour une mère d’accoucher mais imaginez lorsque vous devez le faire tout en essayant d'échapper à la guerre !
En ce moment, un tout jeune bébé de dix-huit jours vit aussi au monastère. "Je vous laisse imaginer ce que ressent sa mère", glisse le séminariste. "Il est déjà difficile pour une mère d’accoucher mais imaginez lorsque vous devez le faire tout en essayant d'échapper à la guerre ! Le manque de sommeil, aller d’un endroit à l'autre, ne pas pouvoir rester à la maison et faire tout cela sans son mari… Heureusement, l’un des invités qui séjourne actuellement chez les dominicains est médecin. Les autres familles ukrainiennes soutiennent également cette mère."
Quand on l’interroge sur son action, Andrzej Mońka, répond simplement qu’agir ainsi, "c’est ce que l’Évangile exige". "J’avais peur, au début, que les frères n’adhèrent pas forcément à cet accueil car ce n’est pas vraiment notre charisme", avoue-t-il. "Mais nous ne referons certainement pas cela avant des années", explique-t-il à Aleteia. "C’est une guerre. Et ce que nous faisons, c’est simplement suivre l’Évangile."