S’il est une chose qui marque le pèlerin qui se rend en Terre sainte, c’est bien la diversité des populations et des cultures. Dans le berceau du christianisme, se mêlent aux juifs et aux musulmans une petite minorité chrétienne orthodoxe, protestante et catholique. À côté des grec-melkites ou des maronites, l’Église romaine elle-même a plusieurs visages. Des visages que le père Rafic Nahra, qui vient d’être nommé par le pape François évêque auxiliaire au Patriarcat latin de Jérusalem, résume par sa vie et son ministère.
Un diocèse qui couvre les territoires d’Israël, de Palestine et de Jordanie
Né au Caire, d’une famille libanaise, le nouvel évêque est ainsi d’origine arabe comme la grande majorité des chrétiens du Patriarcat latin de Jérusalem, diocèse qui couvre les territoires d’Israël, de Palestine et de Jordanie. Jusqu’à sa nomination comme évêque auxiliaire, il était d’ailleurs déjà en charge du vicariat pour Israël, c’est-à-dire des catholiques latins de cet État d’origine arabe.
Cependant, l’Église latine de Terre sainte est aussi hébréophone. Le vicariat Saint-Jacques, du nom du premier évêque de Jérusalem, chef des judéo-chrétiens, accueille les juifs qui se tournent vers le Christ. C’est ce vicariat que Mgr Nahra a conduit entre 2017 et 2021, lui qui connaît la langue hébraïque pour avoir étudié de longues années à l’université de Jérusalem où il obtient en 2016 un doctorat en littérature judéo-arabe.
Engagé auprès des migrants
Du côté israélien, le père Nahra a aussi eu à s’engager auprès des migrants. Venus travailler en Israël ceux-ci apprennent l’hébreu et pratiquent leur foi chrétienne – ils sont souvent philippins ou éthiopiens – dans cette langue. Vicaire pour la pastorale des migrants à partir de 2018, il a accompagné notamment le centre Sainte-Rachel, patronage pour les enfants de migrants de Jérusalem.
Pourtant, avant tout cela, Mgr Nahra avait été ordonné prêtre en 1992 pour…le diocèse de Paris. Certes il a grandi en région parisienne, mais, dès 1993, un pèlerinage en Terre sainte le conduit à se tourner toujours plus résolument vers la terre de l’Incarnation. Une terre divisée qu’il apprend à connaître et à aimer tout en gardant un pied dans son diocèse d’origine, avant de la rejoindre en 2016 en étant mis à la disposition du patriarcat latin. Une terre où le pape François l’invite aujourd’hui à établir les ponts auxquels il est attaché.
Une tâche qui semble aller de soi pour cet ancien élève des Ponts et Chaussées apprécié pour sa paix et sa connaissance des diverses réalités qui constituent l’Église latine de Jérusalem, une Église appelée à construire l’unité dans une terre marquée par tant de conflits et pourtant choisie par Dieu pour manifester son dessein bienveillant.