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Carême : quatre conseils pour purifier son désir de Dieu

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Dom Samuel Lauras - publié le 01/03/22
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Dans une réflexion d’un ton assez libre, Dom Samuel, abbé de Nový Dvůr en République tchèque, propose quelques pistes pour renouveler notre regard, à partir des thèmes de l’évangile du mercredi des cendres.

Le chrétien qui entre en carême sait trop bien que certains désirs qu’il éprouve font obstacle à sa rencontre avec Dieu. Oui… Mais ne peut-on pas utiliser ces désirs pour exciter notre désir de Dieu ? 

1Quand vous priez, ne soyez pas comme des hypocrites

La prière… Comment douter de son rôle en carême ? Pour un chrétien, c’est comme un réflexe, une évidence de foi. Si se tourner vers Dieu devrait être presque naturel, qui a prié régulièrement quelques années sait ce que cela coûte. La prière, désir ou devoir ? Je dirais : désir au commencement, puis devoir, puis désir purifié. Désir ou absence de désir, plaisir ou absence de plaisir, joie ou absence de joie. Ces fluctuations habitent aussi la vie de prière. 

2Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu

Désirs et désirs, plaisirs et plaisirs, tous ne sont pas de même nature ni également recommandables ! Quel est le sens de ces désirs qui nous brisent le cœur, que nous n’arrivons pas à étouffer et qui nous suivent comme une ombre ? Désirs de briller, désir de dominer, d’avoir raison, de plaire ou de paraître, et tant d’autres... Abordés d’une manière chrétienne, tous ces désirs, même les plus lourds, deviennent susceptibles d’aiguiser le désir de Dieu. Considérées dans leurs dimensions humaines, ces passions se découvrent en relation mutuelle. Le désir est susceptible de conduire au plaisir, et le plaisir est comme une résonance de la joie. Il arrive — nous en faisons tous l’expérience — que le désir conduise à un plaisir recherché pour lui-même et trouvé sans joie. Désirs trop courts qui rendent attentifs à d’autres appels, au grand appel de la Bonne Nouvelle. 

3Ce que vous faites pour devenir juste, évitez de le faire pour vous faire remarquer

La foi chrétienne peut être donnée dès l’enfance. On la respire avec l’amour familial. On en apprend les rites en même temps que les règles de la vie sociale. Elle peut se perdre dans les sables au temps de l’adolescence ou se révéler à l’âge adulte. Quoi qu’il en soit de l’histoire personnelle de chacun, la faim de Dieu doit nécessairement devenir, un jour, une faim primordiale, une aspiration construite sur la précarité éprouvée des autres biens à notre portée : la faim de ce fameux aliment qui demeure en vie éternelle que seul peut donner le Fils de l’homme (Jn 6, 27). On ne saurait expliquer clairement de quoi on a faim, mais la faim est là, évidente ; évidente également l’impossibilité d’être rassasié par ce qui se trouve à notre portée.

Demander à Dieu ce que lui seul peut donner, ce sans quoi la vie n’aurait aucun sens, son amitié, sa grâce.

Cette faim donc, aiguisée par la déception de ce qui ne rassasie pas, réveille la conscience du désir de Dieu qui nous habite, d’un désir qui nous constitue dans notre humanité depuis que nous avons été créés. Cette faim, en outre, révèle que ce désir se réalisera par un don de Dieu, et par ce don seulement, puisque lui seul sait tourner le cœur de l’homme vers lui. D’où la prière : demander à Dieu ce que lui seul peut donner, ce sans quoi la vie n’aurait aucun sens, son amitié, sa grâce. Le mot "amitié", dans la relation avec Dieu, désigne, à partir d’une réalité qui nous est familière, un échange où Dieu est le donateur : "L’amitié [de Dieu], c’est-à-dire la grâce", écrit le père Sesboüé. Et puisqu’échange il y a, celui qui demande, celui qui prie s’élève en se donnant au donateur. Si nous souhaitons devenir juste, demandons-le et recevons-le.

4Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette

Qu’il y ait un donateur n’a pas comme conséquence que la réception du don soit automatique. Entre ici en jeu, mieux que nulle part ailleurs, notre liberté. Libres, nous le sommes par nature, et si nous cessions de l’être, nous cesserions d’être homme. Une liberté germinale, une vocation à la liberté a été déposée en nous, par Dieu, lorsqu’il nous a créés. Nous savons bien que nous sommes souvent incapables de l’exercer vraiment. Agir librement, Dieu ne peut le faire à notre place, car le propre de l’être libre est d’être cause responsable de ses actes. Quand notre liberté est asservie, nous errons de désirs inassouvis en plaisirs décevants. Dès qu’elle grandit, plus elle est spontanée, plus notre liberté devient délectation et bonheur. La liberté, comment la définir ? De même que l’amitié avec Dieu évoque la grâce, la liberté des enfants de Dieu est synonyme d’amour. Saint Augustin distingue la liberté du libre arbitre, capacité de choisir ceci ou cela. La liberté, une capacité d’aimer… Faisons donc à Dieu l’aumône de notre cœur. Sans Lui, nous ne sommes que poussière, avec lui nous devenons fils et filles de lumière.

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