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Jésus, cet embryon silencieux

GEORGES LA TOUR

La Nativité par Georges de la Tour.

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Blanche Streb - publié le 20/12/21
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Mère de famille et docteur en pharmacie, Blanche Streb ne cache pas sa fascination pour la naissance de la vie, ce processus continu où l’embryon est son propre architecte. Se dire, pendant l’Avent, que Jésus a été comme tout embryon silencieux, “un projet de lui-même”, la laisse comme nous, sans voix…

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La petite mangeoire de nos crèches ne sera bientôt plus vide. Dans la nuit de Noël, dans des millions de foyers du monde entier, des enfants déposeront dans la paille leur petit nouveau-né de chiffon, de plâtre ou de papier, les yeux pétillants de joie et d’émerveillement. Ce temps de l’Avent est une douce veillée d’âme où nous attendons la naissance du Sauveur. Ce temps est aussi celui d’une prise de conscience sur le miracle de l’Incarnation qui a consisté, pour le Christ, à revêtir notre humanité et à vivre ces neufs mois qui précédent chaque naissance. Il s’est voulu si proche qu’il a choisi de parcourir toute notre vie, depuis son début et jusqu’à sa fin. 

Dieu aurait pu choisir d’arriver sur terre dans la force de l’âge et dans une nuée de gloire. Et bien, non. Il s’est fait… embryon. Au sein d’une famille et de liens humains. N’est-ce pas émouvant de se dire que Jésus a commencé sa vie en étant une seule et unique première cellule, animée de ce même principe de vie qui anime chacun de nous, à l’instant même, et ce, depuis que nous n’avons été nous-mêmes… qu’une seule cellule ? 

L’embryon est son propre architecte

L’existence de l’être humain est un processus évolutif et continu qui commence dès cette première cellule issue de la fécondation qu’on appelle zygote. C’est un processus continu auquel nos cerveaux ne sont pas habitués, nous connaissons plutôt le système de construction qui se fait pièce après pièce, comme une voiture ou un Kinder. C’est tout à fait différent pour l’embryogenèse, les pièces détachées ne se présentent pas les unes après les autres. L’embryon est son propre architecte et toutes les étapes sont prévues dès le zygote, selon un programme bien défini. 

L'embryon est le seul au monde à avoir la propriété de s’édifier lui-même. 

Le petit corps en devenir, en croissance, obéit sans cesse au même principe de vie souverain et originel qui existe dès la fécondation. Au fond, le zygote est la cellule fondatrice, en elle est contenue déjà toute la puissance de l’être humain. Dès ce premier instant de son existence, l’embryon est humain, même si les caractères humains visibles n’émergent qu’au cours de sa propre évolution. D’ailleurs cette première cellule est elle-même déjà sexuée. Elle est XX ou XY. Elle est garçon ou fille. Et au fur et à mesure de cette construction magistrale, il n'y a aucun changement de nature ni gradation de valeur. L’embryon n’est donc pas un projet parental, il est un projet de lui-même. Il est le seul au monde à avoir la propriété de s’édifier lui-même. 

Je dois dire que l’embryologie est une science qui a fasciné la jeune étudiante en "pharma" que j’étais. Je me revois réviser à une heure déjà avancée l’admirable développement du cœur humain, griffonner de mon coup de crayon maladroit cette chorégraphie de la vie, et me répéter à l’envi tous ces mots savants, conotruncus, bulbus cordis… qui la décrivait si précisément. 

Ce prodige mystérieux

Me dire que « ce Cœur qui a tant aimé le monde » a suivi aussi ce processus m’émerveille et me laisse sans voix, comme l’est l’embryon. Ce grand silencieux. Cet invisible à nos yeux. Ce prodige mystérieux. Celui que nous avons tous été, sans nous laisser de réel souvenir. Notre semblable, non dans l’espace, mais dans le temps, dont aujourd’hui plus que jamais il convient d’être le porte-voix. Pour rappeler, avec ténacité et confiance, ce qu’exprima si clairement Tertullien il y a 1800 ans : « C'est un homme déjà ce qui doit devenir un homme ; de même, tout fruit est déjà dans le germe. »

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