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Cinéma : “Brother” François, franciscain des temps modernes

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François, un jeune ingénieur français qui a tout quitté pour devenir Brother François, un frère franciscain dans le ghetto de Newark.

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Louise Alméras - publié le 17/11/21
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Au cœur de la ville de Newark, dans la banlieue new-yorkaise, la communauté des Franciscains du Renouveau œuvre auprès des plus démunis. Dans le film "Brother", en salles depuis le 17 novembre, on y suit "Brother" François et on y voit la souffrance du ghetto qui se transfigure au contact de la charité des frères, en pleine montée vers Pâques.

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C’est un documentaire qui transpire l’espérance. Parce qu’il révèle très simplement le pouvoir de la charité et de l’amour contre la violence, la déshérence d’une âme, la solitude et la pauvreté auxquels sont confrontés de nombreux habitants de Newark, dans la banlieue new-yorkaise. La plupart ont un passé lourd ou douloureux. C’est justement pour cela que la communauté des Franciscains du Renouveau, née dans le Bronx en 1987, s’est installée ici. La communauté est réellement une oasis au milieu du désert. 

Le réalisateur suit le frère François, un Français rencontré à Paris avant la révélation de sa vocation, quelques années plus tôt. Posant sa caméra dans le quotidien de la communauté, il nous montre les visages radieux de jeunes hommes à la barbe fournie et récemment devenus franciscains. Le frère François nous guide à travers le quartier, à la rencontre d’hommes et de femmes auxquels il offre sa présence et son soutien, tout en racontant comment est né son désir de servir ici. Après de brillantes études, l’ancien centralien ne trouve plus de sens à la vie parisienne. Même les cours aux Beaux-Arts, répondant à son besoin de créer, ne lui suffisent pas. C’est à la vie de saint François d’Assise qu’il aspire. Étonnant pour un jeune promis à une belle vie ? 

Une vocation à contre courant

On se sent toujours vide et manquant tant qu’on ne répond pas à l’appel de Dieu, diraient certains. Il est donc arrivé à Newark dans la communauté où sont accueillis et formés les novices, soit une dizaine chaque année. Depuis leur création, les Frères du Bronx sont connus dans le monde entier et ont d’ailleurs essaimé dans plusieurs pays. Et on ne se lasse pas de les voir à l’œuvre, de voir qu’ils sont toujours là à servir, plus heureux que jamais, pauvres parmi les pauvres. Dès l’aube, ils ouvrent leurs portes aux habitués qui viennent se réchauffer dans ce havre de paix. Café et nourriture sont un prétexte à discuter, à être regardé et aimé. Des bénévoles les aident pendant un an pour aider au service des pauvres, parfois à la cuisine, pour nourrir tous ceux qui viennent pour les jours de repas en commun. C’est toute une vie qui se recrée autour de la communauté, dont le centre demeure la chapelle où le corps du Christ est présent.

Si le réalisateur Arnaud Fournier Montgieux a ardemment voulu montrer ces images, se cognant aux visages abîmés, aux destins chahutés et aux corps tatoués, c’est parce que cette souffrance est vue par le regard des Frères. Elle n’est ni gratuite, ni stérile. Dans leurs yeux on voit "l’innocence qui ne veut pas mourir", comme l’explique joliment le frère François. Et peut-être est-il le seul, avec ses frères, à aller chercher cette innocence pour les sauver. Pourtant, chez lui aussi le combat est présent entre la lumière et le mal, c’est d’ailleurs le sens de sa vocation : transformer sa blessure pour qu’elle soit vie pour les autres. "Quand il y a beaucoup de souffrance dans le monde, Dieu nous donne l’Esprit pour qu’Il la transforme, mais aussi pour qu’Il en fasse quelque chose de beau". 

Alors que le frère François apprend « à mieux écouter la voix de Dieu » pendant son année de noviciat, on le voit déjà prendre le visage du disciple auprès des autres. 

Face à la souffrance, l’argent ne sert à rien, pas plus que la drogue ou les addictions diverses de notre époque. Et c’est pourtant d’elle dont on ne parle jamais, contrairement à l’argent et à la violence. Et le Christ, face à elle, nous demande d’ailleurs de mettre l’amour là où il n’y en a plus, avant toute chose. Les souffrances sont multiples ici : pauvreté, handicap, troubles mentaux, vieillesse, et les frères ont une attention pour chacun. Alors que le frère François apprend "à mieux écouter la voix de Dieu" pendant son année de noviciat, on le voit déjà prendre le visage du disciple auprès des autres. 

Roberto, dealer respecté, a grandi dans un logement social près de la Cathédrale de Newark, qui le rassure, après plusieurs années en prison. Il ne sort jamais sans gilet pare-balles. Ryan est un ancien héroïnomane, passé en prison pour violence, qui se reconstruit auprès de sa propre famille. Sa rencontre avec les Sœurs de la Charité puis des Franciscains a été décisive dans sa vie. Entre de magnifiques scènes de vie, comme le frère François qui offre les portraits qu’il a fait d’eux à Ryan et Roberto ou encore les frères en train de chanter la guitare à la main, d’échanges de confiance et de paroles fortes de Franciscains, ce film est une mine de trésors face à la sécheresse de notre époque. Quand il s’achève sur la procession pascale dans les rues de Newark, avec des hommes qui portent une croix à tour de rôle munis d’une couronne d’épines, la souffrance a déjà perdu. Et toute la force de la communauté, dans la simplicité d’une vie franciscaine, apparaît comme la même révolution d’il y a 2.000 ans.

Brother, d’Arnaud Fournier Montgieux, avec Brother François, Father Glenn, Father Francis Mary, Ryan, Roberto Zielinsky, 1h18, le 17 novembre en salles

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