Apostasier ou abandonner leur maison, c'est le dilemme auquel ont dû faire face cinq familles chrétiennes du village de Lodamila, dans l'est de l'Inde. Vendredi 17 septembre, des militants hindous ont interdit l'accès au puit du village à cinq familles chrétiennes évangéliques avant de les chasser de leurs maisons et de mettre le feu à l'une d'elles.
Interrogé par Ucanews, le père Dibakar Parichha, prêtre du diocèse de Cuttack-Bhubaneswar (où se situe le village), a décrit des victimes "en état de choc". "Les activistes hindous avaient assuré [aux familles] que si elles renonçaient à leur foi, elles pourraient rentrer au village et vivre de nouveau avec la communauté", a-t-il indiqué.
Depuis qu'ils ont été contraints de fuir, ces chrétiens ont trouvé refuge 12 kilomètres plus loin dans des cabanes en lisière de forêt. Même s'ils se sont rendus par deux fois au commissariat, ils n'ont pas été entendus. Selon le père Pariccha, les policiers ont tenté de ne pas établir de procès-verbal. Jusque là, la cohabitation à Lodmila entre les familles dalites chrétiennes et la quarantaine de familles hindoues était pacifique. Une tranquillité qui n'est pas représentative de la situation précaire des minorités religieuses dans l'état de l'Odisha. En effet, c'est là même qu'une flambée de violences antichrétiennes avait coûté la vie à près de 300 personnes en 2008. Le dernier rapport sur la liberté religieuse de l'AED dénonçait un "nationalisme ethnoreligieux" qui favorise les actes antichrétiens dans le pays. Pour les quelque 30 millions de chrétiens indiens, vivre sa foi signifie trop souvent subir de nombreuses injustices.