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Une femme tient un drapeau "Black lives matter" le 21 mai 2021 dans le Minnesota.

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Blanche Streb - publié le 27/09/21
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Comment le prétendu dominé doit devenir le prétendu dominant ? Décryptage de la pensée « woke » par notre chroniqueuse Blanche Streb.

Le « wokisme » est un concept qui nous vient des États-Unis et qui envahit le monde occidental, dans tous les espaces publics, culturels, médiatiques et bien sûr politiques. Pourtant, un sondage Ifop récent montre que 14% des Français seulement en ont entendu parler. Pour le journaliste Pierre Valentin, auteur d’une étude fouillée et complète sur la « pensée woke » pour la Fondation pour l’innovation politique, les promoteurs de cette mouvance idéologique, majoritairement issus de familles aisées, entretiennent un clivage manichéen entre les woke, les « éveillés », et les « autres », les « endormis ». Son étude, publiée en deux volumes, dresse « l’anatomie » de ce mouvement et s’attache à en détailler les conséquences sociales et à dresser un portrait-robot du militant woke en France. 

La pensée woke a émergé dans les campus des universités américaines. Ses théoriciens ont choisi le terme « woke » au début des années 2010, pour identifier les personnes « éveillées » aux injustices que subissent les minorités dans les pays occidentaux, plus précisément les injustices de race ou de genre. Le wokisme serait ainsi une « nouvelle culture morale » établissant d’un côté les gens foncièrement bons (les woke), et de l’autre, les foncièrement mauvais. Une vision dialectique totalement opposée au constat d’un Soljenitsyne, par exemple, pour qui « la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États ni les classes ni les partis, mais qu'elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l'humanité ».

Et dans cette culture, le statut de victime devient une ressource sociale.

Le wokisme serait en réalité une étape de plus de la pensée postmoderne et déconstructiviste. Deux phénomènes le caractérisent. D’abord, un scepticisme radical qui nie toute possibilité d’obtenir une connaissance ou une vérité objective. Ensuite, l’idée que le savoir résulte toujours d’une forme de pouvoir, et non pas de la connaissance. Ce serait le pouvoir qui fabrique le savoir, et le pouvoir qui déciderait de ce qui peut être su, et non la science, par exemple. La pensée woke se définit par une perception de la réalité dominée par des rapports de force et de pouvoir.

Ce mouvement, qui se considère lui-même positivement comme un virus, n’est pas sans ambiguïtés. Il peut prôner la dissolution de toute norme et militer pour une illusoire « égalité totale », en particulier dans ce qui touche au sexe et à la race. Et pour cela, poser le postulat que tout ce qui distingue les individus (homme, femme, blanc, noir, sexualité etc.) masque toujours une hiérarchisation qui créée inévitablement de la discrimination. Mais selon l’opportunisme politique du moment, il fera glisser cette demande d’égalité vers une hiérarchisation « à l’envers », où le prétendu « dominé » dominerait le prétendu « dominant ». Et dans cette culture, le statut de victime devient une ressource sociale. La bureaucratisation et la juridicisation de la société jouent comme des facteurs essentiels, assurant la reconnaissance de ce statut de victime par des tiers détenteurs de l’autorité et permettant d’imposer un véritable « ordre woke », explique Pierre Valentin. Ancien étudiant de l’université d’Exeter, en Angleterre, il confie y avoir été « vacciné » contre « cette culture de la victimisation où chacun est en permanence offensé ». 

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