Villedieu-la-Blouère est un bourg paisible du Maine-et-Loire. Au bord d’une route, une chapelle se cache sous les arbres. Sans la plaque « sanctuaire Saint-Joseph-du-Chêne », on ne prêterait guère attention à ce lieu, auquel les habitants sont attachés depuis plusieurs générations.
« Bon saint Joseph, priez pour nous », « Merci pour ce pèlerinage vécu en famille ». Dans la « grande » chapelle, le livre d’or et les ex votos témoignent du passage de nombreux pèlerins. Depuis la « grande » chapelle, de la taille d’une petite église de campagne, on accède de l’intérieur à un petit pavillon octogonal de brique et de bois. Un lieu saisissant, unique, dont le fond a été construit sous les branches d’un chêne millénaire.
Abritée dans la cavité du chêne, derrière l’autel, une grande statue de pierre blanche représente saint Joseph, portant tendrement l’enfant Jésus. Une présence discrète, fidèle, rassurante. D’ailleurs n’est-ce pas ce que viennent chercher les pèlerins ? « Beaucoup de gens passent toute l’année. Pour faire une prière de demande, pour dire merci, explique Agnès Rahard, membre de l’équipe d’animation paroissiale, Cette dévotion très simple rejoint la discrétion de saint Joseph, on va dans ce lieu pour se recueillir. Cela a quelque chose de très intime”.
Tout commence en mai 1856. Le père Peltier, fils de menuisier, est curé de la paroisse de Villedieu depuis vingt ans. Amoureux de saint Joseph, il se dévoue auprès de ses paroissiens dont beaucoup sont ouvriers ou artisans. Un matin, le père Peltier reçoit de la part d’un ami, le père Lamoureux, une image du saint. Le curé invite alors son ami à prêcher l’adoration perpétuelle et une retraite pour les enfants. Un peu plus tard, le père Peltier montre au père Lamoureux une curiosité de la région : un « chêne extraordinaire, découronné par la foudre et qui mesure 9 mètres 30 de circonférence (…), un vétéran du passé qui ne veut pas mourir” (Louis Tricoire, Aux sources d’un pèlerinage, archives diocésaines). Les paysans s’abritent sous ses branches par mauvais temps. Le père Lamoureux propose d’y installer une statue de saint Joseph, puisque beaucoup de paroissiens sont artisans.
Tout le monde se mobilise : la famille propriétaire du chêne en fait don au père Peltier. Ce dernier fait venir une statue de saint Joseph, en pierre blanche de Migné (Vienne) qui sera livrée quelques mois plus tard. Et le dimanche 24 août 1856, le bourg est en liesse : l’arbre multiséculaire est béni, et la statue installée dans la cavité de l’arbre. Le lendemain, une messe est célébrée en plein air devant de nombreux fidèles. Dès 1857 le pape Pie IX signe un bref, accordant des indulgences aux pèlerins du lieu. En 1899, la chapelle est inaugurée par Mgr Rumeau évêque d’Angers, qui couronnera la statue en 1906 devant 25.000 pèlerins. En 1956 est célébré le centenaire du pèlerinage devant une nombreuse assemblée.
Depuis, un grand pèlerinage a lieu chaque dernier dimanche d’août pour honorer saint Joseph, « un père aimé, un père dans la tendresse, dans l’obéissance et dans l’accueil (pape François Patris corde, 8 décembre 2020), pouvant réunir jusqu’à 400 pèlerins. Cette année, le 166e pèlerinage aura lieu, selon la tradition, le dimanche 29 août. En cette année dédiée par le pape à saint Joseph, il marquera le 150ème anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme patron de l’Église universelle, et sera présidé par Mgr Delmas, évêque d’Angers.