Il trône fièrement au sommet des flèches de très nombreuses églises de France. Le coq est assurément l’animal phare de nos sanctuaires. Symbole solaire qui annonce le lever du soleil, le coq rappelle naturellement la Résurrection du Christ, ce passage de l’ombre à la lumière. Et pourtant, à Bourges, la cathédrale a décidé de déroger à la règle en apposant non pas un coq mais un pélican au sommet de sa tour nord !
Si ce choix peut paraître étonnant à première vue, le pélican est pourtant un animal doté d’une forte symbolique chrétienne ce qui explique, naturellement, sa présence sur un sanctuaire. Évoqué dans les Psaumes, la véritable renommée du pélican prend naissance à partir d’une légende insérée dans le Physiologus, le premier des bestiaires chrétiens. Cette source rapporte que les petits du pélican, réclamant trop violemment leur nourriture à leurs parents, furent tués d’un violent coup de bec. Trois jours après, pris de remords, les parents se déchirèrent la poitrine pour arroser de leur sang les petits corps inertes et ces derniers retrouvèrent alors la vie. Une histoire que saint Augustin a, rapidement, rapproché du sacrifice du Christ. À l’image du pélican qui redonne vie à ses petits par son propre sang, le Christ donne sa vie et son sang pour la multitude.
Si Bourges fait figure d’ovni, la cathédrale peut cependant s’enorgueillir de posséder un symbole rare à son sommet ! Selon les sources d’archives, l’idée d’un pélican a germé dès le XVIe siècle. En 1533, un croquis pour une nouvelle croix ornée d’un pélican est présentée à l’archevêque de Bourges pour orner le clocher à la croisée du transept. Après plusieurs péripéties, le pélican est finalement installé sur la terrasse de la tour nord, au sommet de l’édicule métallique qui abritait une cloche. Repeint en doré au XVIIIe siècle, il est toujours en place au XIXe siècle comme en témoigne les gravures de l'époque. En 1995, le pélican est finalement remplacé par une copie en cuivre pour le protéger des intempéries mais l’original est précieusement conservé au pied de la tour nord afin les fidèles puissent continuer à l’admirer. Sa teinte dorée a aujourd'hui disparu pour laisser place à ce joli vert-de-gris si caractéristique du cuivre.