Parisiens et touristes vont à nouveau pouvoir pénétrer, dès ce mercredi 23 juin, dans l’un des plus anciens et célèbres grands magasins de Paris : La Samaritaine. Il aura fallu plus de quinze ans de fermeture pour rénover les quatre bâtiments – dont un classé aux monuments historiques – qui composent la Samaritaine. Un lieu mythique situé à Paris entre la rue de Rivoli et la Seine dont le nom fait explicitement référence à un passage de la Bible raconté par l’évangéliste Jean (Jn 4) : la rencontre de Jésus avec la samaritaine au puits de Jacob.
Pourquoi un tel nom ? Peu après la construction du Pont-Neuf, sous l’impulsion d’Henri IV, la première machine élévatrice d’eau de Paris est érigée à proximité du pont afin de pouvoir alimenter en eau le quartier du Louvre. Cette pompe à eau fut appelée la Samaritaine en raison d’un ornement sculpté par Bernard et René Frémin (1672-1744) représentant cet épisode biblique. Cette pompe a malheureusement été détruite en 1813. Mais un demi-siècle plus tard, à son emplacement, un certain Ernest Cognacq installe sa première échoppe. Une échoppe appelée à se transformer au fil des ans pour devenir, aujourd’hui, la mythique Samaritaine.
Si le motif apparaît assez classique pour une fontaine, surtout lorsqu’il s’agissait de la seule eau courante, la signification qu’elle emporte est intacte. Cet évangile parle de Jésus faisant une halte en Samarie, une province détestée par les Juifs qui considèrent ses habitants comme des étrangers à éviter. Et pourtant Jésus, comme à son habitude, n’hésite pas à s’adresser à la Samaritaine qu'il rencontre près d’un puits. Une rencontre qui va se transformer en révélation. Alors que ce dernier lui demande à boire, elle s’étonne de le voir s’adresser à elle, une samaritaine. C’est alors qu’il a cette réponse : "Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive". Par cette saisissante inversion, que sous-entend réellement Jésus ? Dépassant le prétexte de sa propre soif, il suggère d’aller vraiment à la source, chercher plus profondément l’eau vive, là où elle se trouve, et ainsi prendre conscience dans sa foi de cette injonction du Messie.