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Écologie pragmatique ou écologie radicale, une équation insoluble

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Guillaume de Prémare - publié le 14/05/21
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Faut-il aménager le système ou le renverser ? Les différentes écoles de l’écologie s’affrontent sans se convaincre. Reste une crise profonde de la civilisation technique, laquelle ne sait comment sortir des impasses qu’elle a produites.

Depuis 1995 s’est engagée une dynamique de coopération internationale pour protéger le climat : dans le cadre des COP (conférences des parties), les nations s’engagent à respecter des objectifs chiffrés en matière d’émission de gaz à effet de serre. Il revient ensuite à chaque pays d’adapter ses pratiques et sa législation pour atteindre l’objectif fixé. C’est notamment l’objet de la loi « Climat et résilience » que l’Assemblée nationale vient d’adopter en première lecture, dont l’objectif est de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France. Pour y parvenir, le législateur prend une série de mesures : réduction de la consommation d’énergies fossiles et interdiction de la publicité pour ces énergies, instauration d’un score carbone pour les produits, diminution des emballages par la vente en vrac, possibilité d’instaurer des écotaxes régionales, limitation du trafic aérien intérieur, promotion de l’isolation des logements, etc.

Le 28 mars dernier, lors de la marche pour le climat, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé pour « dénoncer la trahison de l’exécutif » vis-à-vis de la Convention citoyenne pour le climat, que le gouvernement n’a suivi que partiellement malgré ses engagements. Pour les marcheurs, les mesures retenues sont « une goutte d’eau dans l’océan ». Le gouvernement se défend en affirmant pratiquer une écologie responsable et pragmatique, et non pas radicale ou idéologique.

Une écologie dite « pragmatique » part du principe que les mesures de réduction des gaz à effet de serre doivent tenir compte de la capacité concrète de la société à corriger ce qu’il est possible de corriger, en tenant compte des impératifs économiques et sociaux. D’une certaine manière, cette écologie vise à conserver la machine productive et le système économique existant tout en les adaptant aux nécessités environnementales. Les tenants d’une écologie dite « radicale » affirment au contraire que la machinerie techno-marchande productiviste et consumériste ne pourra jamais devenir véritablement « verte » parce qu’elle constitue le moteur même du saccage de la planète et de l’épuisement des ressources naturelles. Cette écologie est « radicale » au sens propre du terme : elle entend s’attaquer aux racines de la crise.

D’un certain point de vue, les « pragmatiques » ont raison : on ne change pas de système productif et de modes de vie en un claquement de doigts, de nombreux emplois sont en jeu dans des filières dites « carbonées », le coût d’une révolution économique verte serait élevé alors même que beaucoup d’États sont surendettés et que la pression fiscale est à son comble dans certains pays, dont le nôtre. D’un autre point de vue, ce sont les écologistes radicaux qui ont raison : c’est une illusion de penser provoquer un impact écologique suffisant dans le cadre actuel de la machine techno-marchande mondiale. Nous pourrions même dire que l’option d’une certaine décroissance de la production et du niveau technologique est nécessaire si nous voulons envisager un monde et des sociétés vivables.

Nul ne sait lire l’avenir, mais tout indique que nous vivons une crise profonde de la civilisation technique, laquelle ne sait comment sortir des impasses qu’elle a produites.

Sommes-nous face à une équation insoluble ? C’est bien possible. Une catégorie d’écologistes envisage le collapse, c’est-à-dire l’effondrement de la civilisation technique devenue insoutenable, ce qui nous conduirait à vivre sans le secours de beaucoup de technologies actuelles. Dans cette hypothèse, le changement se produirait en quelque sorte par la force des choses, mais non pas sans douleurs. Nul ne sait lire l’avenir, mais tout indique que nous vivons une crise profonde de la civilisation technique, laquelle ne sait comment sortir des impasses qu’elle a produites. Cette civilisation moderne qui semble toute puissante constitue ainsi peut-être un colosse aux pieds d’argile.

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