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Tout l’art du repos

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L’excès de communication appauvrit l’information. Le bon remède est de se reposer en se recentrant sur ce qui demeure.

En 2015, Lionel Naccache, neurologue à la Salpêtrière, proposait de comprendre les fragilités du monde contemporain à partir du phénomène de l’épilepsie. Lorsqu’une crise d’épilepsie se déclenche, les régions cérébrales communiquent trop entre elles et finissent par échanger des informations pauvres et stéréotypées. De même, le monde contemporain, par son hyper-connexion, entre dans une crise qui gomme les spécificités des personnes et des cultures. La preuve en est que les mêmes burgers, les mêmes musiques de supermarché, les mêmes affiches de méditations zen se trouvent aussi bien à Taiwan qu’à Quimper. 

Le contraste entre l’accélération des échanges et l’atténuation de l’expérience de dépaysement est au cœur de cette « épilepsie mondiale » que nous vivons. Comment la soigner ? Naccache rappelle les mesures d’hygiène de vie d’un malade épileptique qui consiste « à maximiser un sommeil réparateur et régulier, à éviter les toxiques tels que l’alcool, les facteurs de stress importants ». Il tâche d’en trouver quelques illustrations, à un niveau macroscopique, pour le soin de la société. 

Le repos chrétien n’est pas un défoulement, une distraction hors de la réalité, une recherche du bien-être.

Parmi celles-ci, il note l’importance de ce qu’il appelle « l’effet papillon », c’est-à-dire ces initiatives individuelles qui, lorsqu’elles sont vertueuses, contribuent à l’hygiène de la société. Elles naissent, généralement, « en dehors des pouvoirs en place (médias inclus) et des structures représentatives démocratiques intermédiaires (parlements, syndicats, élus, etc.) », c’est-à-dire, en dehors de l’hyper-connexion dont souffre la société épileptique globalisée. Ne faudrait-il donc pas, pour mieux servir le monde contemporain, avoir l’audace de se reposer vraiment en se détachant du tourbillon des informations abrutissantes ? 

Les chartreux le savent depuis longtemps : Stat Crux, dum volvitur Orbis (« Le monde tourne mais la Croix demeure »). Le repos chrétien n’est pas un défoulement, une distraction hors de la réalité, une recherche du bien-être. Il est un recentrement, un ressourcement en Dieu, au pied de la Croix. Celui qui se repose sous le regard de Dieu et de ses frères se laisse construire intérieurement. Il devient cette personne unique, ce « papillon », capable de changer le cours de l’histoire par un engagement libre, original et absolument inimitable de sa volonté, suscité par l'Esprit saint. Qui sait ? Et si nos sociétés avaient besoin, avant tout autre soin, d’hommes et de femmes capables de se reposer vraiment ?

Pour recevoir le prochain numéro de la "revue Carmel", sur "l’art du repos", cliquez ici.

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