Quand Kasia raconte une histoire, elle la traduit d’abord en images, ensuite viennent les mots. Précis, sans ornements, juste pour toucher à l’essentiel. Durant vingt cinq ans Kasia était en mouvement, l’appareil photo en main. Pour saisir l’actualité, immortaliser l’interview d’une grande star ou faire un arrêt sur image de la capitale française en plein confinement. Mais le reportage réalisé à Cracovie le 2 avril 2005, au moment de la mort de Jean Paul II reste à part dans ses souvenirs. Rencontre.
Aleteia : Le vendredi 1 avril 2005, le pape Jean Paul II est mourant. Votre rédacteur en chef vous envoie à Cracovie…
Kasia Wandycz : Quand Alain Genestar, m’a demandé de partir immédiatement en Pologne pour suivre tout le week end les rassemblements des Polonais dans les églises, j’étais doublement mobilisée : comme photographe qui doit être à la hauteur de la commande, mais aussi comme Polonaise qui, toute sa vie, était fière de ce Pape.
Vous l’avez connu ?
Non, pas personnellement, mais dans ma famille on parlait souvent de lui. Ma tante qui habitait Wadowice, la ville natale de Karol Wojtyla, le connaissait jeune étudiant. Puis, quand il est devenu évêque et cardinal, je l’observais de loin comme quelqu’un qui avait un charisme impressionnant. Une fois élu Pape, c’était une grande fierté et une joie de le voir comme souverain pontife.
Quand vous arrivez à Cracovie la veille de sa mort, qu’est-ce qui vous frappe le plus ?
J’ai passé d’abord la soirée de vendredi à Wadowice et le lendemain, le 2 avril 2005, le jour de sa mort, je suis arrivée à Cracovie. L’ambiance était inouïe. Il y avait une densité inimaginable dans l’air. C’était grave, intense, en suspens. Dès le matin, les gens de toutes générations se dirigeaient vers l’archevêché de Cracovie, là où le cardinal Wojtyla résidait.
Qu’est-ce que vous gardez en mémoire de ce moment où vous avez appris la mort de Jean Paul II ? Il était 21h37...
Les cloches de plusieurs églises ont sonné. Une dame juste devant moi, s’est évanouie. Mais je me souviens surtout d’une immense vague de prière dans un silence absolu, en communion avec le reste du monde. Je savais que j’étais là où je devais être. Alors, oui, je faisais comme toujours mon travail de photographe, mais en même temps j’avais le sentiment d’être en mission unique.
Découvrez Cracovie au moment de la mort de Jean Paul II dans l’objectif de Kasia Wandycz :