Qu’est-ce qu’une belle âme ? Comment travailler à rendre son âme plus belle ? Marion Lucas, docteur en philosophie, apporte de précieux éléments de réponse en s’appuyant sur les travaux d’Edith Stein.
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Très jeune, Édith Stein, celle qui deviendra sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, a l’intuition que la vie ne se limite pas à ce qui est « perceptible en surface » mais que toute personne humaine est appelée à y trouver un sens. Un sens qui s’est imposé à elle notamment à la lecture de l’autobiographie de sainte Thérèse d’Avila, un soir d’été 1921, et qui l’a amenée à se convertir à la foi catholique. “La vie remplie de sens est une vie débordante et rayonnante”, écrit-elle dans Etre fini et être éternel. Pour ce faire, elle invite à déployer les qualités de l’âme en lien avec son individualité intangible, à la rendre belle, c’est-à-dire en accord avec ce qu’elle doit être. Ce que seule peut accomplir la grâce divine, à laquelle l’homme participe en vertu de sa liberté, autrement dit, par les efforts qu’il consent à faire.
Une belle âme est une âme qui cherche à se déployer
« On arrive au monde avec un certain devoir d’accomplissement », souligne Marion Lucas, docteur en philosophie, spécialiste et grande admiratrice d’Edith Stein. En effet, à défaut de pouvoir se créer, l’âme peut se déployer. Et « plus la personne humaine se déploie fidèlement à son essence, plus elle est belle, et plus elle est libre », précise la philosophe. Une quête de perfection qui ne vise rien d’autre que le consentement à ce que la personne doit être. « Lorsque l’étant est ce qu’il doit être (c’est-à-dire qu’il possède la vérité de son essence), il est aussi réellement bon (il possède le bien de son essence) et selon le domaine auquel il appartient il est vraiment saint, beau, noble ou utile », écrit Edith Stein. Cette perfection, pour la personne humaine, c’est la sainteté.
Sous perfusion de la grâce
Comment atteindre la sainteté ? Qu’est-ce qui peut réellement favoriser le déploiement des qualités de l’âme ? C’est la grâce. « La grâce est effective, efficace, elle nous change dans la mesure où nous répondons à cet appel qu’est justement la grâce », explique Marion Lucas. « Sous perfusion de la grâce, l’âme s’embellit ». D’où l’importance d’organiser sa journée pour laisser place à la réception de la grâce, notamment à travers l’oraison. « L’oraison a pour but de trouver Dieu en soi, puis de mettre Dieu au monde à travers nos actes », précise la philosophe. Chaque personne est appelée à être vecteur de la grâce pour autrui et pour le monde. Une grâce qui peut faire tâche d’huile autour de soi et qui ajoute de la beauté au monde qui nous entoure. La grâce agit donc à deux niveaux : en soi, et sur le monde. Ce qui amène Edith Stein à développer tout l’enjeu de la grâce dans l’éducation, nos enfants pouvant bénéficier de cette grâce qui nous transforme, étant aux premières loges en quelque sorte pour y goûter. Il s’agit, pour Edith Stein, « de faire passer la richesse de son âme dans l’âme de son enfant », explique Marion Lucas. « Etre une mère, c’est-à-dire prodiguer des soins à la véritable nature humaine et la protéger et la faire s’épanouir ; or, cela requiert de nouveau qu’on la détienne soi-même » (La Femme, cours et conférences).
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Demeurer maître de sa vie intérieure
A l’instar de sainte Thérèse d’Avila et de son Château intérieur, Edith Stein propose de cultiver son intériorité et d’envisager la vie par rapport à son intériorité la plus profonde. « C’est dans l’intériorité qu’on saisit intérieurement l’essence de l’âme », écrit-elle. La recherche d’un certain équilibre humain et spirituel est donc nécessaire. Certaines choses entrent dans l’âme et l’embellissent, quand d’autres sont dommageables et la font se rétracter. « Certaines lectures nuisent à l’âme par exemple, cela peut être le cas de l’actualité, tout ne me fait pas du bien, certaines informations peuvent me rendre nerveuse, tendue et cela a un impact sur l’atmosphère environnante », explique Marion Lucas, tandis qu’Edith Stein, au contraire, invite à être comme un « bon génie exerçant partout une action bienfaisante ». Un équilibre intérieur auquel elle invite tout particulièrement les femmes en tant qu’épouses. « Être une compagne, c’est-à-dire un appui et un soutien ; or, pour pouvoir l’être, il faut qu’elle soit elle-même solidement ancrée ; mais ce n’est possible que si tout est bien ordonné et équilibré intérieurement ».
Marion Lucas interviendra le vendredi 12 mars prochain dans le cadre des conférences en ligne « Etre femme » sur le thème : Le mystère d’une belle âme.