Amie proche de Michael Lonsdale depuis de longues années, Anne Facérias a accompagné le vieil homme jusqu’à l’heure de sa mort. Elle raconte à Aleteia ces moments de grâce, et ce que fut leur travail en commun dans la « diaconie de la Beauté ».
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Au terme d’une longue vie d’homme et d’artiste qui fut aussi une quête spirituelle, Michael Lonsdale s’est éteint dans la paix, à l’âge de 89 ans. Chercheur de Dieu, il était entouré par de nombreux amis qui partageaient avec lui le désir de faire connaître l’amour de Dieu à travers la beauté. Parmi eux Anne et Daniel Facérias. Anne l’aida à la fin de sa vie, et fut près de lui à l’heure de sa mort.
Aleteia : Vous étiez présente aux côtés de Michael Lonsdale quand il a rendu son âme à Dieu. Pouvez-vous nous raconter ses derniers instants ?
Anne Facérias : Michael s’est envolé le 21 septembre comme un papillon au moment d’un grand coup de vent qui a ouvert les fenêtres. Je lui caressais le front. L’évangéliste Matthieu dont c’était la fête ce jour-là, est venu le chercher. Michael est maintenant près de son Jésus qu’il aimait tant. La petite veilleuse qui diminuait ces derniers temps a fini par s’éteindre dans la paix de Dieu, dans la brise légère du matin, dans la douceur du jour, à l’heure de l’Angélus. Il est parti en silence sur la pointe des pieds, laissant derrière lui la trace d’un prophète. Sa fin de vie a été une action de grâce. Comme un vrai cadeau, le cardinal Philippe Barbarin est venu la veille de sa mort lui donner les derniers sacrements — un moment de paradis ! Michael nous laisse l’empreinte de Dieu qui jour après jour nous remplira de paix, de joie et d’amour. Artiste hors du commun, unique de sa génération, il nous a montré le chemin de la sainteté.
Vous l’avez accompagné ces dernières années, alors qu’il s’affaiblissait de plus en plus…
Il y a trois ans j’ai senti que la vitalité de Michael diminuait et qu’il ne pouvait plus être totalement autonome. J’ai commencé à l’assister dans ses déplacements, l’organisation de ses rendez-vous, partager notre vie de prière… et suis restée près de lui jusqu’à la fin. J’ai vécu ces années à ses côtés d’une manière crescendo. L’Esprit saint nous a conduit pour que cette fin de vie soit belle, heureuse et rayonnante de l’Amour de Dieu et du prochain. Pendant le confinement, et grâce à KTO, nous regardions la messe du pape François tous les jours et nous priions les vêpres ou les complies par visioconférence avec mon mari Daniel resté à Toulouse. Michael a mené une vraie quête spirituelle tout au long de sa vie. Dernièrement, pendant l’Eucharistie à la télévision, il m’a dit : “Ce que j’ai de plus cher dans ma vie, c’est Jésus !” Que ce Jésus qu’il aimait tant l’accueille maintenant dans sa demeure éternelle.
Votre amitié a donné lieu aussi à un véritable compagnonnage dans le travail et la création : parlez-nous de La Diaconie de la beauté.
Avec mon mari Daniel Facérias, et Michael, c’est une amitié de trente-trois ans. Nous avons réalisé plusieurs spectacles ensemble dont le premier en 1990, Bernard de Clairvaux, qui a été donné pendant cinq années consécutives, puis Le bal des exclus avec l’abbé Pierre dans tous les Zénith de France, puis une série de productions plus petites comme Faustine ou Hommes libres sur l’abolition de l’esclavage (Anne-Marie Javouhey).
C’est l’amour que nous nous portons les uns les autres qui est notre Beauté, disait Michael, et qui sauvera le monde.
En 2012, nous lançons effectivement avec Michael un mouvement d’artistes : La Diaconie de la Beauté autour de l’art et la foi, dans le but de rapprocher à la fois les artistes de la spiritualité et la spiritualité des artistes. Nous enracinons ce mouvement autour de trois axes : l’aspect cultuel (rencontres mensuelles avec prières, témoignages, conférences) ; l’aspect culturel (chaque année, un symposium à Rome en février, le Festival Sacré à Cannes en mai, création annuelle de spectacles sur la vie des saints…) ; l’axe résidentiel avec une maisons d’artistes où l’art et la foi dialoguent.
L’amour de Dieu et des hommes à travers la beauté, c’est un message de Michael Lonsdale ?
L’année dernière, nous avons réalisé un entretien croisé avec le cardinal Poupard, ancien président du Conseil pontifical pour la culture, et Michael : Sur la voie de la beauté et de l’amour, paru aux éditions Téqui. Tous deux de la même génération, au soir de leur vie, ces deux “poids lourds de la foi” nous délivrent un message d’espérance. “C’est l’amour que nous nous portons les uns les autres qui est notre Beauté, disait Michael, et qui sauvera le monde.”
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