Sans ses ailes déployées, on aurait pu prendre cet archange pour un valeureux soldat romain, épée dégainée pour éliminer un ennemi à terre. Mais cet ennemi n’est pas n’importe lequel, il s’agit du diable. À terre, il ne semble plus très dangereux, même si son corps aux muscles saillants laisse entendre qu’il n’a pas dû se laisser faire pour en arriver là. La tête maintenue par un pied ferme, l’affaire est entendue, il n’aura pas le dernier mot.
Saint Jean le révèle dans l’Apocalypse : « Il y eut alors un combat dans le ciel : Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges, mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux désormais, nulle place dans le ciel. » (Ap 12, 7-8) Muni d’une chaîne, l’archange ne montre aucune intention de le laisser partir. Dans la bataille des anges, le démon est perdant. Il n’en a pas l’air heureux. Seules ses ailes noires, bien présentes, mais à peine visibles sur le fond sombre, permettent de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un simple pêcheur.
Prince des archanges, saint Michel porte ici une tenue militaire romaine. Sa tunique bleue à l’aspect mouillé ne cache rien de la puissante musculature de son buste. Une incroyable énergie se dégage du personnage, le manteau d’un rose vif renforce l’impression de mouvement qui se dégage du tableau. Les étoffes s’envolent, accompagnant le geste qui sera fatal à l’ange déchu. Dans le lointain, violentes comme celles provenant d’une explosion, des flammes témoignent de l’âpreté du combat. À moins qu’il ne s’agisse de celles de l’enfer, destination finale du démon, expulsé du Paradis, « Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. » (Ap 12, 9)