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Ces expressions qui ont une origine biblique : « Jeter la première pierre »

Cailloux sur une plage
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Axelle Partaix - publié le 20/12/19 - mis à jour le 09/05/23
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Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique. Aujourd’hui : jeter la première pierre.

Jeter la première pierre à quelqu’un, c’est être le premier à le condamner, le critiquer. Si cette expression est à prendre au sens figuré dans notre société occidentale, ce n’est malheureusement pas le cas partout dans le monde. La lapidation reste en effet légale dans un certain nombre de pays même si elle est de moins en moins appliquée.

À l’époque de Jésus, c’est la peine qui punit l’adultère, considéré comme un péché très grave (Lv 20, 10 et Dt 22, 24), et c’est d’un épisode dramatique rapporté uniquement dans l’évangile de saint Jean que nous vient l’expression. Alors que Jésus est en train d’enseigner aux foules, les scribes et les pharisiens lui amènent une femme surprise en plein délit d’adultère et lui demandent son avis quant à la conduite à tenir : or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? (Jn 8, 5) Jésus ne répond pas tout de suite, il se baisse et écrit sur la terre avec le doigt. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jn 8, 7)

Ce passage des Écritures est bien connu et représente un modèle de répartie et de subtilité. Sous une fausse attitude de respect, l’objectif des pharisiens est, une fois de plus, de tenter de mettre Jésus en difficulté : soit il respecte son enseignement du pardon et désobéit à la loi de Moïse, se condamnant lui-même, soit il applique strictement la loi et condamne la femme. Une femme qui n’est finalement qu’un instrument entre les mains des pharisiens, ces spécialistes de la morale vivant dans la stricte observance de la Loi écrite sont prêts à la sacrifier en l’utilisant contre Jésus.

Misère et miséricorde

Mais Jésus reste circonspect, son silence est surprenant, son geste énigmatique, il semble comme ailleurs alors que tous attendent sa réaction. Jacek Oniszczuk, professeur de théologie biblique à la Faculté de théologie de l’Université Grégorienne de Rome, rapporte que « l’acte d’écrire avec le doigt est très rare dans la Bible, et se réduit pratiquement à trois événements » dont deux pour évoquer les tables de pierre "écrites du doigt de Dieu" (Ex 31, 18 et Dt 9, 10).

Saint Augustin observe que ce geste présente le Christ comme un législateur divin : Jésus est la Justice en personne. Et, en tant que législateur, Jésus ne s’oppose pas à la Loi, il ne cherche pas à innocenter la femme (elle-même d’ailleurs reste silencieuse et ne tente pas de se trouver des excuses).

Il n’essaie pas d’argumenter contre ses adversaires ni de s’opposer à eux, il les prend simplement à leur propre piège et les confronte à leur hypocrisie. Son invitation à lancer la première pierre oblige les accusateurs à "entrer en eux-mêmes et, en se regardant, à se découvrir eux-mêmes pécheurs", analyse le pape Benoît XVI. Là encore, le silence en dit long… leur départ, les plus âgés en premier, est un aveu.

Saint Augustin résume alors la situation par cette phrase puissante : "Ils demeurent tous deux seuls, la misère et la miséricorde". La miséricorde « quelque chose de difficile à comprendre, explique le pape François, elle n’efface pas les péchés, car ce qui efface les péchés c’est le pardon de Dieu. La miséricorde est la manière dont pardonne Dieu ». Là, face à la femme demeurée seule avec lui, Jésus à nouveau parle peu. Il ne demande pas d’explications, mais, sentant son repentir, il lui adresse ces quelques mots : "Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus."

Lui qui n’est pas "venu juger le monde, mais le sauver" (Jn 12, 47), il l’envoie ainsi vers une vie nouvelle, sans la stigmatiser ni l’enfermer dans sa faute. Et saint Augustin souligne encore : « Le Seigneur condamne le péché, pas le pécheur ».

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