À l’occasion de la Journée mondiale des pauvres qu’il a instituée il y a trois ans, le pape François a accueilli dimanche quelque 1.500 pauvres et sans-abri pour un déjeuner au Vatican, en dénonçant l’indifférence de la société envers les démunis.Parce qu’ils n’ont rien à offrir, les pauvres invitent tous les chrétiens à vivre une “charité non hypocrite”, a déclaré le pape François lors de l’homélie de la messe qu’il a célébré dimanche 17 novembre à Saint-Pierre (Rome). Tant de fois, le chrétien pratique la charité afin d’attirer l’amitié d’une personne importante ou encore pour être considéré comme “bon” aux yeux des autres, a déclaré le Pape. Cette attitude se nomme “l’hypocrisie du je”, a-t-il dénoncé. L’Évangile invite au contraire à une “charité non hypocrite”, sans rechercher de récompense ni de compliment.
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L’évêque de Rome a invité les chrétiens à se demander : “Est-ce que j’aide quelqu’un de qui je ne pourrais pas recevoir ?”. En tant que chrétien, “ai-je au moins un pauvre pour ami ?”. Parce qu’ils ne parlent pas “la langue du je”, parce qu’ils ont besoin d’être soutenus, les pauvres rappellent à tous que les chrétiens doivent vivre tels des “mendiants tendus vers Dieu”, a-t-il déclaré. Lorsque les pauvres frappent à “nos portes”, il s’agit donc pour chacun d’écouter leur cri tel un appel à “sortir de notre moi”, a considéré le pontife romain. Dans nos cœurs, ils doivent en effet occuper la “place” qu’ils occupent dans le cœur de Dieu. En les servant, les chrétiens apprennent ainsi les “goûts” de Dieu, a-t-il considéré.
Les pauvres, “portiers du ciel”
“Presque tout passera”, a rappelé l’évêque de Rome. Ce qui demeure, c’est l’amour, a insisté le pontife, seule chose qui vaille “la peine de vivre”. En mendiant notre amour, les pauvres nous conduisent au Seigneur et “facilitent l’accès au paradis”. En ce sens, ils sont “les portiers du ciel”. En se précipitant, l’homme “perd de vue le ciel”, ne trouve plus de temps pour Dieu et pour ses frères. Avec cette mentalité, de nombreuses personnes âgées, personnes handicapées et pauvres, parce qu’inutiles, sont écartées de cette société, s’est-il attristé.
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Les statistiques de la pauvreté dans le monde sont alarmantes, a considéré plus tard le pape François lors de l’Angélus, place Saint-Pierre (Rome). “J’ai vu […] il y a quelques minutes certaines statistiques sur la pauvreté. Elles font souffrir”, a-t-il lancé spontanément. Il s’est ainsi attristé devant “l’indifférence” de la société envers les plus pauvres. Ceux-ci ne doivent jamais manquer “d’attention”, a-t-il déclaré. Il a donc remercié toutes les personnes, qui, à l’occasion de cet événement, ont donné une “espérance concrète” aux personnes dans le besoin à travers de nombreuses initiatives.
Le souverain pontife a ensuite rejoint ses 1.500 invités, des personnes de la rue, pour un repas dans la vaste salle Paul VI. Au menu figuraient des lasagnes, des nuggets de poulet avec de la crème de champignons et des pommes de terre, un dessert, des fruits et un café.