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Découvrez le premier mécène des églises de France

L'église de Sainte-Colombe de Portejoie a été soutenue par la Sauvegarde de l'Art français à hauteur de 10 000 € pour la réfection de la couverture, des travaux sur la charpente et la maçonnerie.

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Caroline Becker - publié le 25/09/19
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Depuis presque cent ans, la Sauvegarde de l’Art français tient une place de premier rang dans la défense du patrimoine, notamment religieux. Aleteia s’est entretenu avec son président, Olivier de Rohan Chabot. Quel est le point commun entre les peintures murales de l’église Saint-Pierre-du-Château à Corbère (Pyrénées-Orientales), la toiture de l’église Saint-Pierre de Tonquédec (Bretagne) ou encore le clocher de l’église de Moussy-le-Vieux (Seine-et-Marne) ? Ils ont tous été sauvés (en partie) grâce au soutien financier de la Sauvegarde de l’Art français qui leur a accordé plusieurs milliers d’euros de dons. Ces petites églises de campagne, qui peuplent les villages et hameaux de France, font la fierté des communes. Malheureusement, les mairies, généralement propriétaire de ces sanctuaires, se retrouvent souvent sans budget suffisant pour assurer leur réfection. “Nous hiérarchisons les demandes de soutien selon le niveau d’urgence, la qualité architecturale, historique, l’environnement mais aussi l’implication de la population”, explique à Aleteia Olivier de Rohan Chabot, président de La Sauvegarde de l’Art français.


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Si elle se fait discrète dans le paysage français à côté de la Fondation du Patrimoine (aujourd’hui plus connue du grand public), la Sauvegarde de l’Art français soutient chaque année une centaine d’églises et attribue un million d’euros pour la restauration de divers travaux d’urgence, allant de la toiture à la maçonnerie, en passant par les décors muraux ou le mobilier liturgique. Au cours de l’année 2018, ce sont 118 édifices et quatorze œuvres d’art qui ont pu être restaurées grâce à la générosité de la fondation et à celle de ses donateurs. Un engagement que la Fondation mène avec passion et discrétion grâce à l’aide de plusieurs dizaines de conservateurs, architectes, historiens de l’art et correspondants en région qui soutiennent et apportent leur expertise au quotidien.

Église Saint-Pierre de Tonquédec

© GO69

Église Saint-Pierre de Tonquédec en Bretagne, dont la toiture a été restaurée grâce à la Sauvegarde de l’Art français.

Plus de 3.500 églises et chapelles rurales sauvées

Au-delà de la restauration du bâti, la Sauvegarde de l’Art français reste attentive à la destination du lieu : “On ne peut pas faire abstraction du sens du lieu, souligne Olivier de Rohan-Chabot. Si par malheur l’église est désacralisée, il faut souhaiter qu’on lui trouve un usage le plus conforme possible à sa fonction initiale. Si on y célèbre plus la messe, elle reste cependant un lieu de prière dans lequel les fidèles peuvent venir se recueillir”.


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Ce qui distingue la Sauvegarde de l’Art français des autres associations de soutien au patrimoine, c’est son ancienneté. En effet, cet organisme fait figure de pionnier en la matière. Il a été fondé en 1921. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le duc de Trévise, Édouard Mortier, passionné par le patrimoine, décide de porter secours aux édifices lourdement menacés d’abandon et de destructions. Dans les années 1970, sa mission évolue. Aliette de Rohan Chabot, marquise de Maillé, fait à sa mort un legs destiné aux églises rurales de France. “Grâce à ce legs, c’est 38.5 millions d’euros qui ont été accordés pour sauver plus de 3.500 églises et chapelles rurales. La Sauvegarde est devenue ainsi le premier mécène des chapelles et églises de France”, confie avec fierté Olivier de Rohan Chabot.

“Le mobilier des églises représente 75% du mobilier classé en France”

En perpétuelle évolution, la Sauvegarde de l’Art français a décidé de s’intéresser ces dernières années à un autre élément essentiel du patrimoine chrétien : le mobilier des églises. Ce projet, intitulé “Le plus grand musée de France”, a pour objectif de mettre en lumière et restaurer des œuvres d’art en péril. Un projet inédit qui s’est fait en étroite collaboration avec des étudiants notamment. À eux de trouver des œuvres à restaurer, de les faire connaître au grand public et de lever des fonds pour leur restauration en communiquant sur les actions qu’ils entreprennent. “Cette idée est partie du principe que les gens ont un réel désir de découvrir ce qui se cache dans les églises”, explique le président de la Fondation. “Il y a des pièces exceptionnelles qui sont méconnues et qui finissent par s’abîmer ou disparaître”, déplore-t-il. En effet, malgré un travail d’inventaire important, toutes les œuvres d’art conservées dans les églises ne sont, actuellement, pas répertoriées. “Et même si elles le sont, il ne suffit pas de le savoir, il faut aussi aller les voir de temps en temps pour évaluer leur état de conservation”, réagit le président.

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© Sauvegarde de l’Art français
Statue de sainte Anne à Roanne restaurée grâce au Plus Grand Musée de France.

Parmi ces pièces exceptionnelles, une statue de sainte Anne accompagnée de la Vierge Marie dressée sur un métier à tisser. Offerte par des tisserands au XIXe siècle, elle est propriété du musée Joseph Déchelette à Roanne (Auvergne-Rhône-Alpes). Grâce au soutien de la Sauvegarde de l’Art français et de la Fondation d’entreprise Michelin, qui participe aussi depuis cinq ans au “Plus grand musée de France”, elle sera restaurée très prochainement. En dépôt à l’église Sainte-Anne de Roanne, ce sont les collaborateurs du site industriel Michelin de Roanne qui ont découvert cette œuvre et choisi de la sauver.


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Olivier de Rohan Chabot évoque également un tableau de Delacroix, Le Christ au Jardin des Oliviers, fraîchement redécouvert dans l’église Saint-Paul-saint-Louis — une église du Marais bien connue des Parisiens — et s’étonne encore qu’il ait fallu attendre autant de temps pour que la ville de Paris s’intéresse à un tel joyaux. “Un exemple parmi tant d’autres”, ajoute-t-il. “Le mobilier des églises représente 75% du mobilier classé en France. C’est considérable ! Les œuvres d’art, elles ont besoin qu’on les aime et qu’on s’en occupe”, conclue-t-il.

Mais comment éveiller l’intérêt des jeunes générations au patrimoine chrétien alors que la pratique religieuse est en baisse constante ? “Ce qui est inquiétant en France, c’est l’absence de culture religieuse. Aller au Louvre sans reconnaître la Vierge dans un tableau est dramatique. Il me semble indispensable que l’Éducation nationale développe l’éducation artistique au collège et au lycée, comme on peut le voir dans d’autres pays comme l’Italie. C’est ainsi qu’on fera aimer le patrimoine chrétien”, plaide Olivier de Rohan Chabot. “Les gens sont amoureux de leur église”, affirme-t-il. “Ils ont conscience que pour maintenir la vie rurale, il faut maintenir ce qui la rend agréable et belle. La beauté s’impose à nous”.

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