Chaque été, quelque 100.000 enfants et adolescents partent sacs au dos passer quelques jours, voire quelques semaines, à crapahuter dans les bois pour y vivre selon la loi scoute et découvrir un idéal de vie inspirant. Une réalité rendue possible grâce à leurs chefs. Mais les parents mesurent-ils réellement l’implication de leurs chefs ? Aleteia a tenté de chiffrer ce temps passé auprès d’eux bénévolement. C’est grâce à eux que la vie scoute, et a fortiori les camps d’été, peuvent avoir lieu. S’il en est que l’on peut remercier pour permettre cette réalité, ce sont les chefs scouts. Toute l’année, et plus particulièrement pendant l’été, ils se donnent sans compter pour leurs ouailles, allégeant la charge de famille de bien des parents.
Du chef de troupe en khâgne qui oscille entre ses 32 scouts et Les Caractères de La Bruyère qu’il doit potasser pour son prochain concours, à l’infatigable Akela qui court un week-end sur deux un marathon entre ses 24 louvettes et son cours d’éducatrice à bachoter, ils ne ménagent ni leur temps ni leur peine. Réunions d’information de début d’année, formations de chefs, préparations de sorties, week-ends de maîtrise, fête de Noël, camp de Pâques, préparation de dossier de camp, formation premiers secours, dîner avec les chefs de groupes, réunion de parents de fin d’année, pré-camp, camp d’été, soirée de retour de camp… Les parents optimistes leur confient leur progéniture sans ciller, convaincus que ces jeunes engagés ne failliront pas à leur mission et prendront soin de la chair de leur chair. Mais même s’ils leur vouent une admiration sans borne, ils mesurent rarement la consistance réelle de leur engagement. C’est pourquoi Aleteia vous propose un aperçu en chiffres de l’engagement réel d’un chef scout “lambda”. D’après les savants calculs de la rédaction, il peut être estimé à pas moins de 804 heures et 10 minutes annuelles.
Pour qu’il puisse prendre soin des âmes qui lui sont confiées, le chef doit se former, à raison d’une semaine de CEP (camp-école préparatoire) par an, soit sept journées de 24 heures. Un temps nécessaire qui lui permettra, quelques mois plus tard, de consacrer une semaine à plein temps (à raison de 8 heures de travail quotidien) à suer sang et eau pour préparer un dossier de camp qui passera de commission en commission dans une administration scoute qui n’a parfois rien à envier à celle que décrivent Goscinny et Uderzo dans Les Douze Travaux d’Astérix, avant d’être validé par sa hiérarchie. On n’oubliera pas la veillée de Noël qui consiste à passer 4 heures à fredonner des chants archaïques en dégustant des roses des sables préparées avec un empressement hors normes. Et c’est sans compter les 4 heures passées auparavant à confectionner un cadeau maison — si si, c’est important — qui finira probablement ses jours dans les oubliettes familiales.
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De plus, le chef se doit d’être présent tout au long de l’année. Il passe donc a minima trois week-end entiers avec ses jeunes (soit 3×24 heures), auxquels s’ajoutent à chaque fois 8 heures de travail. Plus tard dans l’année, le dîner chez les chefs de groupe sonne comme une trêve annuelle. Admiratifs du sens de l’engagement sans bornes de leurs jeunes chefs, ils se font un devoir de les nourrir correctement au moins une fois dans l’année. Exit donc les spaghettis à la carbonara brûlés et vive pour une fois hamburgers et cônes chocolat-vanille-noisettes concassées.
Des réunions de parents aux camps d’été
On n’oubliera pas les réunions de parents de début et de fin d’année auxquelles s’ajoutent bien évidemment les cinq petites minutes indispensables de préparation. La première consiste à donner la direction de l’année et à énumérer les objectifs poursuivis, et la seconde à rassurer les parents sur la tenue irréprochable du camp à venir. Ajoutons que si une unité scoute compte approximativement six culs de pat’ (plus jeune de la patrouille), un chef, diplomate à ses heures, sait qu’il devra accorder une heure à chacun des parents des plus jeunes pour les rassurer. Non, leur tout-petit ne dormira pas dans une tente surélevée à 15 mètres de hauteur. Il devra également négocier durant une heure avec chacun des quatre chef de patrouilles : “C’est un ordre, Brutus-Philibert : ta tente ne dépassera pas 10 mètres de haut”. On comptera de surcroît 1 heure par semaine à stresser, donc à prier, implorant le Ciel que la table à feu ne s’embrase pas, que la demi-heure d’auto-stop spontané ne tourne pas au drame et que le grand jeu ne ressemble pas à un mauvais remake d’Apocalype Now.
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Viennent enfin les camps. On prendra la base de trois jours de camp de Pâques et quatorze pour l’été. Celui-ci résonne comme l’apogée de l’année du chef, l’apothéose de sa mission, la consécration de plusieurs mois d’investissement. Dans la mesure où un chef ne dort ni ne sommeille, on lui comptera raisonnablement dix-sept journées de 24 heures de service, soit 408 heures. Cette consécration au doux parfum de feu de bois et de joyeux rires tintant dans les bois laissera forcément des souvenirs homériques dans sa mémoire, dignes de L’Iliade et de L’Odyssée. Soyez-en certains : il rempilera l’année prochaine.