“Une vie cachée”, le nouveau film de Terrence Malick sur le martyre du bienheureux Franz Jägerstätter, est en lice pour le 72e Festival de Cannes qui se déroulera du 14 au 25 mai, présidé par le réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu.Terrence Malick avait annoncé de longue date la réalisation d’un biopic sur Franz Jägerstätter, figure catholique de la résistance au nazisme. Multipliant les projets, la sortie du film demeurait néanmoins incertaine. Il sortira bien cette année dans les salles, avec en prime une place dans la sélection officielle du Festival de Cannes. Le réalisateur américain concourra ainsi aux côtés de Pedro Almodovar, Ken Loach, les frères Dardenne, Xavier Dolan, Arnaud Desplechin, Céline Sciamma ou encore Justine Triet. Huit ans après reçu la Palme d’or pour The Tree of Life.
Jägerstätter, un homme libre et croyant
Une vie cachée dresse le portrait de l’objecteur de conscience autrichien Franz Jägerstätter, qui s’est opposé à l’Anschluss au moment de la montée d’Hitler au pouvoir en 1938. Initialement appelé Radegund, du nom du village où habitait Jägerstätter, le nouveau titre officiel du film donne bien plus la mesure et la signification admirable de sa fin de vie. Il n’a pas toujours été croyant mais a vécu une conversion profonde et radicale peu avant son mariage. D’un tempérament indépendant et entier, cet agriculteur s’attache à suivre la vérité du Christ dans sa vie et à la mener en cohérence avec sa foi. Pour cette raison, il se retrouve seul dans son village à voter contre l’Anschluss, seul aussi à refuser d’intégrer une armée devenue allemande, et donc nazie. Il sait qu’il risque la prison et la mort mais reste ferme dans son choix. Nombre d’habitants, tout comme le prêtre du village et un évêque, tentent de l’en dissuader, au nom de son devoir d’époux et de père de famille. À son évêque, il répond simplement : “La réponse est-elle de tuer d’autres pères de famille ?”
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Seule sa femme, qui connaît son tempérament, le soutiendra dans l’attachement à la droiture de sa conscience et à refuser de servir le nazisme. Emprisonné, il lui écrit alors : “Aucune souffrance extérieure et aucune persécution ne peuvent briser la résistance intérieure de celui dans lequel le Christ vit et agit. Quand le regard est dirigé vers l’Éternel, les tribulations temporelles ne terrifient plus”, mais aussi : “Mes mains sont enchaînées mais pas ma volonté”. De la prison de Linz il passe à celle de Berlin où le tribunal militaire essaye de le sauver en le faisant changer d’avis. Jägerstätter demande à être secouriste au lieu de militaire, mais sa requête est refusée. Il est décapité en août 1943, à 36 ans.
Béatifié et reconnu martyr
Le pape Benoît XVI a béatifié Franz Jägerstätter le 26 octobre 2007, après l’avoir reconnu martyr en juin 2007. Son héroïsme ne tenait pas seulement à sa résistance au nazisme, ni à sa désobéissance qui fût sujette à discussion, comme le montre très bien le premier film réalisé sur sa vie Le cas Jägerstätter d’Axel Corti (1971). Celui-ci fût sans doute bien plus de s’être attaché à la lecture de la Bible, à la communion et à l’union aux souffrances du Christ jusqu’à la fin. Mais aussi de n’avoir jamais jugé les autres pour leurs décisions, les laissant face au drame de leur propre conscience, fussent-ils comme lui catholiques. C’est la leçon la plus belle et la plus forte de son témoignage.
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Il est devenu un héros dans son pays par sa liberté ultime à suivre la vérité, à protéger le message de l’Église et à suivre la voix de sa conscience. Et, comme d’autres martyrs de la foi, il voulait sauver les âmes. Habité par ses convictions, il écrivait encore de sa prison : “De même que les randonneurs, les travailleurs et les combattants ceignent un vêtement long et ample autour de la taille afin de se déplacer plus facilement, ainsi les chrétiens doivent s’équiper pour travailler et combattre au service de Dieu en se dépouillant de tout ce qui les empêche de parvenir à destination. Ils doivent être spirituellement sobres, c’est-à-dire libres de l’ivresse du péché.”