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Comment apprendre à son enfant à rendre service ?

GIRL,CUTTING,VEGETABLES
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Edifa - publié le 15/03/19 - mis à jour le 21/03/22
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Copilotage, délégation et autonomie : voici les trois grandes phases pour sensibiliser un enfant au service, une notion particulièrement à l’honneur en cette période de Carême.

Les enfants d’une crèche sont tous en train de jouer dans la salle. Une maman arrive. Très souvent, l’un d’entre eux se précipite pour aller chercher le doudou de l’enfant qui est sur le point de partir et le lui donner. « Dès 18 mois, un enfant est capable de manifester son empathie et de rendre service », explique Frédérique Guerre, formatrice en « éducation bienveillante » à l’Atelier des parents à Bourges. Bonne nouvelle, dès le plus jeune âge, les enfants portent en eux le souci de l’autre et la capacité de lui venir en aide. Pour autant, tous les parents le savent bien, cette attention spontanée à l’autre — dont chaque enfant fera preuve différemment selon sa personnalité, et même, selon les périodes — risque de s’étioler sans un accompagnement constant et renouvelé de ses parents... loin d’être toujours facile à mettre en place.

« Chez nous, les services à la maison sont un lieu de combat », témoigne, comme de nombreux parents, Anne-Élisabeth, mère de cinq enfants, chez qui les piles de linge en bas de l’escalier mettent parfois du temps à être rangées par chacun. Parmi ses défis, celui de « lâcher prise », et de faire confiance à ses enfants pour passer l’aspirateur ou vider le lave-vaisselle, quand elle sait qu’elle serait plus efficace elle-même. « Nous avons mis en place différents tableaux de services. Le système fonctionne un temps, puis s’essouffle. »

Un savant dosage

En ce moment, Anne-Élisabeth préfère compter sur sa créativité au quotidien, et solliciter l’un ou l’autre quand elle a besoin d’aide pour plier un drap ou trier des chaussettes... « Ce n’est pas le plus confortable, parce que ça me demande de réfléchir en permanence à être juste, et à m’adapter au fonctionnement de chacun, mais je trouve que cela nous évite d’être dans la comptabilité. Et cela m’oblige à poser des mots sur mes besoins du moment, à dialoguer avec mes enfants », estime la jeune femme, qui prend grand soin de les remercier. Et de ne pas leur tomber dessus quand il y a de la casse.

Selon Frédérique Guerre, il n’y a pas d’âge pour commencer à sensibiliser ses enfants au service, dès lors qu’on respecte les étapes suivantes : « copilotage » — mettre le couvert ensemble en expliquant ou indiquer à un adolescent comment on met en route une lessive —, délégation — laisser l’enfant faire lui-même en gardant un œil —, et enfin, autonomie — confier à son enfant le couvert. Pour la bonne marche de la vie de famille, il est bon qu’il y ait des règles à respecter : « On ne peut pas laisser un enfant ne rien faire. Il y a des moments où il va falloir exiger plus. Mais on ne peut pas non plus trop en demander. Tout est une question de dosage. »

Justement, chez Camille-Marie, dont l’aîné est adolescent et le dernier a 3 ans, « le service en famille est aussi l’occasion pour les enfants d’expérimenter une justice qui offre à chacun selon son besoin. Et qui ne demande pas la même chose à un enfant de 10 ans ou à un enfant de 4 ans, à un enfant en bonne santé ou un enfant malade, etc. » Qu’ils soient établis de manière fixe ou sollicités en fonction des circonstances, les petits services du quotidien sont « une belle manière, dans un monde où tout se monnaie, de vivre la gratuité et de réaliser que les biens les plus précieux et les relations vraies et profondes ne s’achètent pas ». Pour aider les enfants à rentrer dans cette dynamique, l’exemple des parents a son importance, remarque-t-elle. Surtout, quand la maman est la plus présente à la maison, « celui du père, car les enfants vont davantage remarquer et être frappés par sa manière de rendre service ».

Sophie le Pivain

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