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Les Actes des Apôtres rapportent la première rencontre de Priscille et de son mari avec Paul. Nous apprenons ainsi que Paul venait juste de quitter Athènes et se dirigeait à Corinthe, un lieu où la licence et l’immoralité prédominaient. C’est dans cette ville où il écrira ses fameuses lettres aux Corinthiens, qu’il fit la connaissance de ce couple latin même si Aquilas semble être originaire de l’Anatolie septentrionale, actuelle Turquie. Pour quelles raisons ces deux habitants de Rome se retrouvaient-ils si éloignés de leur résidence ? La Bible fait état de la mesure d’expulsion de tous les juifs de Rome ordonnée par l’empereur Claude. Quoi qu’il en soit, partageant le même métier, celui de fabricants de tentes, Paul ne pouvait, en effet, que faire leur connaissance. L’entente entre eux est rapide et l’apôtre est même hébergé dans leur maison. Là, ils purent échanger longuement sur leur foi commune et dans le Christ ressuscité, ce qu’un nombre important de juifs contestaient.
On imagine difficilement ce que pouvaient être de longs et périlleux voyages en ces temps reculés, surtout pour une femme. Or, les Actes des Apôtres nous apprennent que Priscille n’hésita pas avec son mari à se rendre jusqu’à la lointaine Éphèse en Asie Mineure pour y diffuser la Parole et y implanter une nouvelle Église, Église que le couple courageux accueillera à ses débuts chez eux dans leur propre habitation. Et si Priscille dut certainement avoir fort à faire dans cette région où dominait le culte d’Artémis, la déesse de la chasse et des femmes enceintes, c’est avec leurs premières initiatives que naîtra pourtant l’idée même d’Église nommée en grec « ekklesìa » et « ecclesia » en latin renvoyant à l’idée d’assemblée ainsi que le rappela Benoît XVI dans sa catéchèse. Au péril de leur vie, ils vont, en effet, permettre à un nombre croissant de croyants de se réunir pour écouter la Parole et partager le pain consacré, favorisant ainsi les premiers développements de l’Église primitive.
Forts de ce succès, Priscille et Aquilas vont revenir ensuite à Rome où, une fois de plus, ils n’hésiteront pas au cœur même de la capitale de l’Empire pourtant farouchement opposée à cette foi naissante à poursuivre leur mission ainsi qu’en témoigne saint Paul :
Le témoignage de l’apôtre est suffisamment évocateur du rôle de cette femme exceptionnelle, persévérante et courageuse, et de son mari, tous deux étroitement associés au développement du christianisme primitif comme l’évoque le très beau film d’Andrew Hyatt, Paul, apôtre du Christ.
Les traces de Priscille se perdent ensuite, mais l’Histoire évoque néanmoins une femme portant le même prénom et qui fut martyre sans que l’on sache précisément s’il s’agissait bien de l’épouse d’Aquilas. Toujours est-il qu’une célèbre église à Rome sur l’Aventin porte de nos jours son nom et que des catacombes sous la Via Salaria lui sont également consacrées. Mais, c’est surtout l’héritage bien vivant de son action qui demeure aujourd’hui le plus précieux, en ayant incarné avec son époux cette Église vivante et engagée accueillant chaque jour un nombre croissant de fidèles et sans qui l’Église que nous connaissons n’aurait jamais vu le jour…