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Ces expressions qui ont une origine biblique : “Une tour d’ivoire”

ANNONCIATION FRA ANGELICO
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Axelle Partaix - publié le 10/12/18
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Découvrez ces expressions que nous utilisons depuis notre plus jeune âge. Certaines ont tellement imprégné notre culture qu’on ne soupçonne pas qu’elles puissent avoir une origine biblique.

Une tour d’ivoire

"… et Vigny, plus secret, comme en sa tour d’ivoire, avant midi, rentrait". C’est à Charles-Augustin Sainte-Beuve que l’on doit, dans ses Pensées d’août (octobre 1837), le sens de l’expression "tour d’ivoire" telle que nous le connaissons aujourd’hui. L’auteur expliqua quelques temps après que pour la grande figure du romantisme qu’était Alfred de Vigny, "il n'y avait de refuge assuré que dans le culte persévérant et le commerce solitaire de l'idéal." De par sa hauteur, la tour symbolise l’isolement tandis que l’ivoire représente ce qui est précieux et rare. En se retirant dans ce lieu calme, le poète peut tranquillement ciseler ses vers à la façon d’un artiste qui travaille l’ivoire. Au XIXe siècle, la tour d’ivoire servait également à qualifier les savants travaillant dans le secret de leur laboratoire sur des sujets très pointus dont on avait du mal à voir les applications pratiques.

S’il a participé à sa popularisation, Sainte-Beuve a cependant totalement détourné le sens de cette expression dont on trouve l’origine dans l’Ancien Testament :

"Ton cou : une tour d’ivoire. Tes yeux : les vasques de Heshbone à la porte de Bath-Rabbim, et ton nez, comme la Tour du Liban, sentinelle tournée vers Damas." (Ct 7,5)

La tour d’ivoire, attribut de Marie

Cette jolie formule du Cantique des Cantiques célèbre la beauté et la pureté du cou de la femme. Elle est l’une des très nombreuses métaphores qui émaillent les 117 vers de ce chant d’amour, l‘un des plus beaux de la littérature, dans lequel s’entrecroisent avec passion et sensualité les voix du bien-aimé et de la bien-aimée accompagnés d’un chœur.

Au moyen-âge, la tour d’ivoire est devenue l’un des attributs de la Vierge Marie dans les litanies dites de Lorette. Probablement composées entre 1150 et 1200, ces litanies ont été approuvées en 1587 par le pape Sixte V. Elles doivent leur nom à une légende du XIIIe siècle selon laquelle la maison de la sainte Famille à Nazareth aurait été miraculeusement transportée par les anges à Lorette, petite ville d'Italie de la province d'Ancône devenue aujourd'hui la destination d'un pèlerinage important. Les litanies énumèrent les titres et qualités religieuses de Marie sous la forme d’une longue série d’invocations faisant référence à des symboles de l’Ancien Testament.

La tour d’ivoire exprime ici non pas l’isolement mais la force et la protection associées à la beauté et la finesse, à l’image de Marie, mère du Christ et notre mère à tous, pleine de force, de courage et de douceur.

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