Pour voir les visages des 48 premiers martyrs chrétiens français, il faut aller à Lyon, à l’espace culturel de l’Antiquaille où viennent d’être restaurées des mosaïques du XIXe siècle. Aleteia a rencontré Étienne Piquet-Gauthier, directeur de la Fondation Saint-Irénée, qui a participé au financement de la restauration de mosaïques du XIXe siècle représentant les premiers martyrs chrétiens français.
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Aleteia : Quelle est l’histoire de ces mosaïques ?
Étienne Piquet-Gauthier : Ces mosaïques ont été réalisées fin XIXe, à la même époque que la construction de Notre-Dame de Fourvière. Le lieu dit de l’Antiquaille qui les abrite est d’ailleurs à deux pas de la basilique. De façon assez inédite, elles représentent en détail — entendez selon le supplice subi — les 48 premiers martyrs chrétiens morts à Lyon en 177, sous le règne de Marc-Aurèle. Ce n’est pas moi qui le dis ! Mais Eusèbe de Césarée qui retranscrit leurs martyrs dans son Histoire du Christianisme, écrite au IVe siècle.
Que font ces mosaïques dans ce lieu ?
Le lieu de l’Antiquaille est chargé d’histoire. Proche du palais du légat romain, la découverte de grottes creusées dans la colline où il est situé a pu faire penser qu’il s’agissait des cachots des premiers chrétiens. Rien de sûr… mais le culte et la mémoire de ces martyrs et notamment de saint Pothin, premier évêque, a été entretenu dans ce lieu par les sœurs visitandines qui s’y installent au XVIIe siècle. Après la Révolution, un hôpital s’y ouvre, ce qui n’empêche pas la réalisation des mosaïques fin XIXe, l’endroit étant toujours considéré comme lié aux martyrs. À la fermeture de l’hôpital en 2003, on redécouvre l’intérêt de ces mosaïques abimées, la crypte était devenue un lieu de stockage ! Une association se lance dans de grands travaux de rénovation qui vont durer dix ans. Aujourd’hui, l’Antiquaille est devenu un espace culturel qui retrace l’histoire du christianisme et accueille des expositions temporaires.
Pourquoi faut-il aller voir ces mosaïques ?
Car elles sont uniques au monde ! Autant pour ce qu’elles représentent que pour leur restauration. Elles permettent de comprendre facilement l’histoire de la foi chrétienne de ces 48 martyrs, fondateurs de l’Église de Gaule et donc de France. Comme une bande dessinée… mais faite d’or et de carmin ! La restauration est unique car les monuments historiques ont donné l’autorisation de combler les lacunes et les manques avec des tesselles neuves. Grâce à la tradition artisanale italienne, nous avons pu retrouver le fournisseur de l’époque, et donc la même matière première. Le résultat est superbe !
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Pour découvrir d’autres images de ces mosaïques, cliquez sur le diaporama :
Du 5 octobre 2018 3 octobre 2019 à l’Antiquaille, LUGDUNUM – Musée et Théâtres romains réalise une exposition temporaire pour l’Espace Culturel du Christianisme de Lyon : A travers des objets provenant pour la plupart des principaux lieux de cultes et nécropoles des premières communautés chrétiennes de Lyon, l’exposition BONAE MEMORIAE retrace l’évolution des pratiques funéraires de l’ère “païenne” à l’ère chrétienne sur la colline de Fourvière entre l’Antiquité et le Moyen Age.