Charles Aznavour est mort dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 94 ans, après 70 ans de carrière et pas loin de 1.200 chansons.Aujourd’hui, ce sont plusieurs générations de mélomanes, qu’ils soient français, américains, japonais ou arméniens, qui pleurent la disparition du chanteur. Car s’il est resté dans l’ombre des plus grands jusqu’à ses 33 ans, il décide à la fin des années 50 de ne plus simplement écrire pour les autres mais bien de chanter lui-même ses chansons. C’est le temps de « Je m’voyais déjà », à laquelle se succéderont « la Bohème », « Emmenez-moi », « Désormais » et tous les autres titres qui firent au choix danser, voyager ou rêver un public dépassant désormais les frontières de la France. Sa carrière est lancée et plus rien ne l’arrêtera.
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Aznavour était aussi un chanteur engagé. En tant qu’Arménien, il ne cessa de militer en faveur de la reconnaissance du génocide qui décima son peuple en 1915. Plus récemment, il avait appelé à repeupler les villages français en y installant les réfugiés chrétiens et kurdes fuyant l’Irak. Le géant de la chanson française avait un rapport très personnel à la religion, expliquant “je suis un croyant qui doute”, tout en chantant de l’autre un Ave Maria devant un Bercy comble en décembre dernier, au pied d’une croix monumentale projetée derrière lui.
Sa longévité n’avait pas de secret : c’était la scène qui lui permettait de tenir. Cette scène qui permettait au chanteur d’esquisser encore, à 94 ans, quelques pas de danse au détour d’une chanson. Malgré des problèmes de santé en pleine tournée mondiale, le dernier géant de la chanson française prévoyait de revenir chanter dans son pays au mois de novembre. Charles Aznavour l’avait encore répété il y a quelques jours sur le plateau de C à vous : il voulait vivre jusqu’à 100 ans. À une époque où l’on redoute d’être âgé, lui embrassait son âge canonique et faisait de sa vie une ode à vieillesse. Charles Aznavour, qui ne se disait « pas vieux, mais âgé », aura fini par être rattrapé par cette mort qu’il avait toujours fuie. Son œuvre, elle, reste plus vivante que jamais.