La Basse-Auvergne est une ancienne région médiévale qui recouvre l’actuel département du Puy-de-Dôme. Sur ces terres, cinq églises du XIIe siècle se distinguent par leur architecture harmonieuse, dans un pur style roman. À la beauté de leurs chevets et de leurs décors polychromes en pierres, à l’harmonie de leurs proportions s’ajoutent un autre trésor : un lien puissant avec leurs fidèles. Elles sont toutes situées dans un rayon de 30 kilomètres de Clermont-Ferrand. Les églises majeures d’Auvergne sont un ensemble de sanctuaires d’art roman qui ont en commun des caractéristiques architecturales et ornementales. Les spécialistes en comptent dix, mais cinq sont parvenues “complètes” jusqu’à nous et ont influencé jusqu’au architectes du XIXe siècle. Les églises romanes majeures se distinguent par quelques traits caractéristiques : de remarquables chevets à étages, un chœur et un déambulatoire à chapelles rayonnantes, un clocher octogonal, entre autres. Mais le plus frappant demeurent néanmoins la ferveur qui a entouré et entoure encore ces sanctuaires.
La vierge noire de Notre-Dame-du-Port
À Clermont-Ferrand, la basilique Notre-Dame-du-Port attire de nombreux croyants pour un pèlerinage à sa Vierge noire, les mois de mai. Construit au XIIe siècle, l’édifice est à l’entrée de la ville dans le quartier du Port, autrefois haut lieu marchand et de vie sociale. Réputée miraculeuse pour avoir fait cesser la pluie et guéri les habitants de la peste, la Vierge noire connut sa première procession en 1614. Le pèlerinage attira de nombreux fidèles, venus de toute la ville et ses alentours, à tel point qu’il fallut élargir les escaliers menant à la crypte où elle est entreposée.
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Grâce aux dons des paroissiens, des sculptures, des tableaux et un riche mobilier sont venus embellir la basilique, au fil des siècles : une Vierge allaitant en calcaire, une Annonciation de Philippe de Champaigne et des œuvres de Jean Restout. En 1800, là encore les fidèles montrèrent leur attachement à leur église… Après la Révolution, Notre-Dame-du-Port était menacée de destruction pour laisser place à un marché de tissu. Une pétition fit capoter le projet ; la basilique était sauvée.
Les libérations miraculeuses d’Orcival
Si à Orcival, les femmes venaient demander à Notre Dame de l’aide pour tomber enceintes, ce sont surtout des libérations miraculeuses qui ont bâti la notoriété du lieu. La Vierge à l’enfant, en noyer et parée d’argent, fut rebaptisée Notre-Dame-des-Fers et ce terme fait écho aux chaînes et boulets de prisonniers accrochés en remerciements sur la façade Sud. Des pèlerins ou des croisés emprisonnés en Terre Sainte furent miraculeusement libérés grâce à la Vierge. En 1375, elle permit notamment de délivrer Orcival des mains de 780 Anglais siégeant à six kilomètres du village.
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Chaque année a lieu un important pèlerinage pour l’Ascension, pendant lequel la Vierge est portée en procession. Elle est drapée d’un manteau doré et sa tête, ainsi que celle de l’Enfant Jésus, est ornée d’une couronne de cuivre sertie de pierres précieuses. Des hommes aux pieds nus la portent jusqu’au lieu-dit Tombeau de la Vierge. Là se trouve une grande croix blanche implantée en 1945 par d’anciens prisonniers venus remercier Notre Dame pour leur libération.
Saint-Austremoine et le premier évêque auvergnat
L’abbatiale Saint-Austremoine, à Issoire, est absolument remarquable par ses décors polychromes recouvrant la totalité des murs intérieurs. Bien qu’ayant été entièrement restauré au XIXe siècle, c’est bien aux premiers temps du christianisme en Auvergne que l’édifice renvoie. Dans son Histoire des Francs, l’historien Grégoire de la Tour rapporte que Stremonius (Austremoine) fut l’un des sept évêques envoyés pour évangéliser les Gaules, à la fin du IIIe siècle. Celui qui devint le premier évêque d’Auvergne avait déjà fait construire une église, à l’emplacement actuel de l’abbatiale. Au XIIe siècle, l’abbaye bénédictine fondée à Issoire connut son âge d’or. Elle se dota alors de son abbatiale romane inspirée des églises majeures auvergnates et dédiée à saint Austremoine. Le saint patron est toujours présent dans l’édifice, tant par ses reliques enfermées dans un châsse en émaux de Limoges, que par la représentation de sa vie sur les vitraux et sa statue.
Saint-Saturnin, rescapée de la Révolution
À Saint-Saturnin, sur la terre des seigneurs de La Tour d’Auvergne dont descend Catherine de Médicis, l’église Notre-Dame est la plus petite des églises romane majeures de Basse-Auvergne. C’est aussi la seule à n’avoir subi aucune modification depuis sa construction aux alentours de 1150 ; même son clocher, chose rare, est d’origine. Sa subsistance est due à madame Verdier de Pagnat, notable du village, qui acheta l’église après la Révolution. Sous la Terreur, elle persuada les révolutionnaires de ne pas toucher à l’édifice. Celui-ci servit ensuite de modèle pour la reconstruction de ses pairs n’ayant pas eu la même chance.
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Les trois cloches de l’église Notre-Dame ont été refondues aux XVIIIe et XIXe siècles et constituent des éléments importants de la vie du village. Elles annoncent encore aujourd’hui l’heure, les messes et les événements familiaux (naissances, décès, mariages, baptêmes). Elles furent également employées pour signaler les déclarations de guerre en 1914 et en 1939. Traditionnellement, jusqu’à l’électrification du balancier, les villageois venaient faire tinter la plus grosse cloche pour éloigner les orages.
Un évangélisateur nommé Nectaire
L’église de Saint-Nectaire est bâtie sur le Mont Cornadore, dans un écrin de verdure. Au IVe siècle, Nectaire fut envoyé en Auvergne comme évangélisateur, en appui à Austremoine. Il s’installa au Mont Cornadore où il fit construire un sanctuaire pour se recueillir. À la mort de Nectaire, un 9 décembre, débuta un pèlerinage vers l’oratoire où reposait sa dépouille.
Les habitations qui se construisirent alors autour formèrent un bourg qui prit le nom de Saint-Nectaire. Aujourd’hui, le village s’articule autour d’un quartier haut où trône l’église et d’un quartier bas, plus récent. L’édifice actuel, célèbre pour ses chapiteaux polychromes, a vraisemblablement été construit à l’emplacement de l’ancien sanctuaire créé par saint Nectaire.
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