Martine, bénévole chez Hozana, est depuis vingt-deux ans oblate bénédictine. Découvrez en quoi son appel est singulier.Aleteia : Qu’est-ce que l’oblature ?
Martine : L’oblature, c’est aussi ce qu’on appelle le tiers ordre, les œuvres de vie évangélique. Chaque ordre a son tiers ordre, d’une certaine façon sa famille de vie évangélique : la fraternité carmélitaine, les franciscains, les bénédictins… Les oblats ne sont pas religieux et n’ont donc pas de vie communautaire, mais vivent la spiritualité de leur ordre dans la vie quotidienne. C’est pour ça que je peux animer la communauté de prière « règle de saint Benoît pour les laïcs ».
Comment l’oblature se vit-elle au quotidien ? En quoi rejoint-il votre vie « dans le monde » ?
Je travaille comme auxiliaire de vie : je m’occupe des personnes âgées et handicapées. L’oblature représente vraiment une béquille que le Seigneur nous offre pour nous aider à avancer. Cela m’a aidée à traverser le veuvage depuis neuf ans. Je suis désormais veuve consacrée. Dans mon travail aussi je pense qu’être oblate m’aide à mieux vivre les difficultés, dans la prière — à être plus patiente aussi. Ce sont des petites choses mais par exemple la règle insiste bien sur le devoir de reconnaître le Christ dans son prochain. Quand une personne qui perd la tête m’insulte, ça fait prendre du recul ! En eux, je vois le Christ. Mes moines — mes enfants les appellent « mes » moines — j’essaie de leur rendre visite une fois par mois pour un office, une messe, ou simplement pour échanger avec eux. J’y vais aussi pour des moments de retraite vers Noël, Pâques, puis il y a des temps qu’on appelle de recollection.
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C’est une vocation assez peu connue… Comment avez-vous pensé à cet appel ?
C’est une histoire qui a commencé très tôt. Enfant, j’étais assez agitée, et on m’a envoyée chez les religieuses pour apprendre la discipline. Déjà à cette époque, j’avais demandé à la religieuse : peut-on servir Dieu et être marié, avoir des enfants ? Et à ce moment, elle m’a répondu oui. C’est donc là que j’ai entrepris de me marier. J’ai épousé, mon mari, j’avais 19 ans. Mais j’avais toujours ce désir, ce vide à combler et je savais qu’au fond de moi c’était ça.
Concrètement, comment avez-vous franchi le pas ?
J’avais un jour dit à mon curé « si je deviens veuve, je me ferai religieuse ». Il m’a alors parlé des tiers-ordres, que je pouvais rejoindre tout en étant mariée. J’ai contacté plusieurs ordres, à l’époque il n’y avait pas internet mais le télétel, j’ai lu les différentes règles… Celle des bénédictins s’adapte beaucoup aux personnes et à la réalité, saint Benoît a d’ailleurs créé l’une des rares congrégations acceptant des personnes handicapées ou avec des problèmes de santé. C’est mon mari qui a fait pencher la balance !
Et vous n’avez jamais trouvé ça difficile, ou eu des doutes ? Avant de vous engager par exemple ?
Jamais, non. C’est comme pour tout : c’est un appel auquel on répond. Lorsque Dieu veut quelque chose de nous, d’abord Il met en nous le désir puis Il fait en sorte que les choses se fassent naturellement. Si c’est pour lui ça va tout seul. La plus grosse difficulté, je l’ai vécue au décès de mon mari : j’avais décidé d’arrêter de croire en Dieu, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas moi qui décidait de croire ou de ne pas croire — le Seigneur nous donne la force de tenir notre engagement. Pour moi, le symbole de l’obéissance c’est Marie à l’annonciation : Dieu nous demande au moment ou on est prêt. Si Joseph disait “cet enfant n’est pas de moi”, c’était l’adultère donc la lapidation ou au moins l’exil. L’obéissance dans la confiance, l’abandon à la divine providence. L’obéissance vient dans ces cas-là de manière naturelle, ce n’est pas un effort mais un aboutissement. Certains vont au monastère, assistent avant de demander à être oblat — moi je n’en ai pas ressenti le besoin, c’était une démarche qui datait !
Découvrez la communauté de prière d’Hozana pour mettre la Règle de saint Benoît à la portée des chrétiens laïcs de notre temps.