Le nombre de personnes concernées par l'esclavage moderne s'élève à près de 50 millions de personnes dans le monde, d'après le dernier rapport de l'ONG Walk Free. Soit 10 millions de plus en cinq ans, depuis le rapport de 2018. Pari eux, l'ONG recense 28 millions de travailleurs forcés, 22 millions des femmes mariées de force et 12 millions d'enfants. Selon l'ONG, le terme d'esclavage moderne comprend donc toutes les formes de travail forcé, de trafic humain et de mariages forcés. Dans son rapport de 2023, elle explique :
Ces dernières années, la multiplication des crises – la pandémie de COVID-19, des conflits armés et les changements climatiques – ont occasionné des perturbations sans précédent en matière d’emploi et d’éducation, l’aggravation de l’extrême pauvreté, la multiplication des migrations forcées et dangereuses, l’explosion des cas de violence fondée sur le genre…, le tout contribuant à accroître le risque d’esclavage moderne sous toutes ses formes. Comme c’est généralement le cas, les plus touchées sont les personnes qui sont déjà les plus vulnérables – les pauvres et les exclus de la société, les travailleurs de l’économie informelle, les travailleurs migrants en situation irrégulière ou sans protection, et les personnes victimes de discrimination.
Un classement sinistre
Les dix pays les moins vertueux du monde, c'est-à-dire ceux où la prévalence de l’esclavage se révèle la plus haute, sont tous africains ou asiatiques. La Corée du Nord, l’Érythrée et la Mauritanie occupent les trois premières places de ce triste classement. Viennent ensuite l'Arabie Saoudite, la Turquie, le Tadjikistan, les Émirats arabes unis, la Russie, l'Afghanistan et le Koweït. Comme l'expliquent les auteurs de l’enquête la situation dans la plupart de ces pays est marquée par de graves problèmes, principalement des conflits, mais aussi l'absence d'état de droit et l'absence de sécurité physique. Selon le rapport, un Nord-Coréen sur dix, soit 2,7 millions de personnes, est réduit à l'esclavage. Parmi eux de nombreux chrétiens du pays sont toujours enfermés dans les fameux camps de détention Kwanliso, et pliés aux travaux forcés par le régime de Pyongyang.
Au Burundi, où la pratique du travail forcé se poursuit - rappelons à ce sujet que le Burundi est un des pays du monde « où le taux de travail des enfants est le plus élevé » - au moins un enfant sur cinq est victime de différentes formes d'exploitation, "souvent mal payés ou pas payés du tout", selon l’étude. Ils travaillent généralement dans les champs ou comme "serveurs" chez des particuliers aisés dans les zones urbaines. Sans bénéficier d’aucun droit et le plus souvent dans des conditions de "véritable esclavage". Parmi les pays "très peu" engagés dans la lutte contre l'esclavage - "malgré leurs richesses et leurs ressources", souligne le rapport - se distinguent le Koweït, le Qatar, Singapour et le Sultanat de Brunei, dont le produit intérieur brut (PIB) par habitant est pourtant élevé.
Les Etats-Unis et la France ne sont pas épargnés
Mais il y a aussi les pays qui travaillent dur depuis des années pour combattre ce phénomène. Dans le classement de l’Indice mondial de l’esclavage, le Royaume-Uni obtient la meilleure note, suivi par l'Australie, les Pays-Bas et le Portugal. Mais il y a aussi les pays qui travaillent dur depuis des années pour combattre ce phénomène. Les pays dont le gouvernement a pris possession de la question et a mis en œuvre des moyens suffisants pour protéger les plus vulnérables de l'esclavage moderne sont la Finlande, l'Irlande et la Suède. La France n'est pas non plus épargnée. Dans cet honteux classement, elle ne figure pas parmi les meilleurs exemples, bien au contraire. Selon l'ONG, 135.000 personnes seraient réduites en esclavage sur notre territoire, ce qui la classe au neuvième rang dans le classement des pays oppresseurs. Les États-Unis - pourtant parmi les pays les plus avancés du monde - sont touchés eux aussi par le phénomène de l’esclavage : 1.1 million de personnes en seraient victimes, d'après l'ONG.
Les produits importés, le vrai "moteur" de l'esclavage
La Walk Free Foundation focalise également son attention sur les conditions de travail pratiquées dans les usines de produits importés par les pays du G20. Selon le document, les produits qui y sont fabriqués sont le fruit du travail de personnes exploitées. Et ils sont le vrai « moteur » de l'esclavage moderne. En premier lieu, les matières premières qui servent à la production textile qui alimente la "fast fashion" et les marques de vêtements et accessoires de mode vendus à bas prix (Shein, Zara, H&M, Primark, Mango, Boohoo, Forever 21, etc.). Le coton utilisé est très souvent produit par l'exploitation d'enfants dans les champs du Bénin, du Burkina Faso, de la Chine, du Kazakhstan et du Pakistan.
Les appareils électroniques comme les ordinateurs et les téléphones portables demeurent les principaux objets à être le fruit de cet esclavage, devant les vêtements, l'huile de palme, les panneaux solaires et les divers textiles. La première économie mondiale est aussi le premier importateur mondial de produits "à risque" esclavage : les États-Unis importent ces produits à hauteur de 170 milliards de dollars par an. C'est loin, très loin devant le Japon, qui prend la deuxième place de ce triste classement avec des importations de produits issus de l'esclavage à hauteur de 53 milliards de dollars et l'Allemagne (44 milliards de dollars). La France, elle, importe pour 12 milliards de dollars de ces produits à risque.