Au cours de l'histoire, ce n’est pas que l'institution du mariage qui a évolué. La robe de mariée aussi. Durant de nombreux siècles, la mariée ne porte pas une robe spécifique pour le jour de la cérémonie. Bien avant d’adopter la traditionnelle robe blanche, la jeune fille choisit tout simplement parmi ses tenues la robe qui a la plus belle couleur. Que l’on vienne d’une famille pauvre ou que l’on appartienne à la noblesse, la règle veut que l'on se pare de ses plus beaux atours le jour J, sans autre contrainte particulière. Le style de la robe traduit le rang et les ressources de la famille de la mariée.
En France, les femmes portent d'ailleurs souvent leur costume régional. N’est-il pas un habit traditionnel pour la messe du dimanche ? L’apparition d'une tenue spécialement dédiée à la cérémonie du mariage vient de l'Église au temps de la Renaissance. C’est au Concile de Trente (1542), que l'Église instaure de nouvelles règles pour le mariage : elle rend obligatoire la publication des bancs, la présence d'un curé, ainsi que la présence de témoins. De même, elle prescrit "solennité et éclat" pour la tenue. Les tableaux de l'époque témoignent que les mariées des familles aristocratiques commencent à revêtir une robe de couleur blanche.
Blanc, symbole de pureté
Les siècles suivants, les robes de mariée retrouvent des couleurs. Le noir est le plus prisé car il permet à la femme de porter plusieurs fois sa robe, pratique courante notamment dans les familles les plus modestes. Pour voir vraiment la robe blanche sur une mariée, il faut attendre le XIXe siècle. Cette apparition du blanc est liée aux prémisses de la séparation de l’Église et de l’État. Elle distingue le mariage civil du religieux. Avec la sécularisation, la robe de mariée blanche devient alors le symbole de la virginité et de la pureté.
La robe de mariée reflète le plus souvent les préférences esthétiques du moment. Sa forme évolue au fil des décennies, depuis les robes à paniers du XVIIIe siècle, le style épuré du Premier Empire, la mode romantique et les formes structurées par les crinolines et les tournures sous la Restauration. Au lendemain de la Première guerre mondiale, elle ne résiste pas à l'évolution des mœurs et des styles vestimentaires : les femmes se marient alors dans des robes à taille basse aux ourlets raccourcis.
Après la pénurie de tissu de la seconde guerre mondiale, les couturiers — tel Christian Dior — reviennent aux longueurs dans les années 1950. C'est l'âge d'or de la robe ample et évasée jusqu'aux pieds. Les créateurs de haute couture s’en emparent alors et s’en donnent à cœur joie, laissant libre cours à leur imagination. Et ce n’est pas par hasard que leurs défilés se clôturent sur la robe de mariée : c’est la consécration d’une union réussie entre le monde de la mode et la célébration du mariage.