Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français appelle solennellement le gouvernement à mieux appliquer la loi sur la protection des mineurs, notamment concernant la pornographie à laquelle ils sont très exposés. C’est une première. Des médecins ont lancé un “appel solennel” aux autorités publiques pour la protection des enfants et des ados contre la pornographie à laquelle ils sont exposés de plus en plus jeunes et souvent contre leur gré.
Ce cri d’alarme des professionnels de la santé a été lancé par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Leur demande est simple : que la loi sur la protection des mineurs soit appliquée fermement, que les campagnes d’information et de sensibilisation auprès des enfants, des ados et des parents, soient mises en oeuvre et renforcées, notamment dans les écoles.
De très jeunes consommateurs de films X
Le professeur Israël Nisand, président du Collège à l’initiative de cet appel, souhaiterait “frapper au porte-monnaie” les diffuseurs. “C’est le business qui prime”, s’insurge-t-il. Il propose de rendre obligatoire l’identification et l’enregistrement des coordonnées de carte bancaire pour accéder aux sites pornographiques. Ceux qui ne s’y plieraient pas se verraient imposer de lourdes amendes.
Aujourd’hui, l’accès aux sites X est presque toujours gratuit, il n’y a aucune barrière pour en limiter l’accès, un simple clic sur un bandeau “J’ai plus de 18 ans” suffit. D’après une étude de l’IFOP publié ce mois-ci, un jeune de 14 à 24 ans sur cinq (21%) regarde des films pornographiques au moins une fois par semaine (15% chez les 14-17 ans), 9% une fois par jour et 5% plusieurs fois par jour.
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Des conséquences irréversibles et sous-estimées
La pornographie sans accès limité “a des conséquences sur le développement des jeunes les plus vulnérables et les moins structurés psychologiquement”, notamment ceux qui ont un “rapport peu adapté à la sexualité” et une “addiction” souligne le président de Fondapol, le Dr Michel Reynaud, à l’origine de cette étude.
Les parents sous-estiment les conséquences de la fréquence de cette consommation. Selon l’enquête ils ne sont que 7% à penser que leurs enfants regardent de la pornographie une fois par semaine alors que ceux-ci sont trois fois plus nombreux à le reconnaître… Pour le Dr Serge Hefez, psychiatre à l’hôpital Pitié-Salpêtrière de Paris et cosignataire de l’appel, la plupart des adolescents ont déjà vu des images pornographiques avant l’âge de 14 ans. Malheureusement, le visionnage de ces images n’est souvent pas voulu. Dans un autre sondage, réalisé par l’Ifop en mars 2017, plus de 50% des 15-17 ans déclarent avoir vu des sites pornographiques sans les avoir cherché.
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