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Est-il inconvenant de ne pas vouloir d’enfant ?

młoda matka siedzi przy łóżeczku swojego dziecka skrywając twarz w dłoniach i przeżywa depresję poporodową
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Mathilde de Robien - publié le 02/03/18 - mis à jour le 03/05/23
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Ceux qu’on appelle aux États-Unis les "childfree" revendiquent leur droit au non-désir d’enfant. Cette tendance soulève de délicates questions sur la maternité et la vocation de la femme. Entretien avec Claire de Saint Lager, auteur d’un essai sur le féminin : La Voie de l’amoureuse.

Elles sont décidé de ne pas avoir d'enfants et l'assument. Appelés childfree, cette tendance est née aux États-Unis dans les années 1970. Les raisons évoquées sont diverses : absence du désir de maternité, peur de l’accouchement, désaffection vis-à-vis des enfants, la charge, le poids, ou le "fil à la patte" que représente un enfant, le besoin d’avoir du temps pour soi et pour sa carrière, les mères "contre-modèles" qui dissuadent de la maternité, et enfin, la peur de l’avenir de la planète et de l’instabilité de la société. Ces raisons sont-elles légitimes ? Est-il inconvenant de ne pas vouloir d’enfant ? La maternité est-elle la vocation de la femme ?

Afin de porter un éclairage sur ces questions, Aleteia s’est entretenu avec Claire de Saint Lager, auteur d’un essai sur le féminin, La Voie de l’amoureuse, dans lequel elle s’attache à définir ce qui fait l’essence du féminin. Fondatrice d’Isha Formation, elle anime des sessions de développement personnel dont le but est d’amener chaque femme à s’écouter et renouer avec ses désirs profonds.

Aleteia : La maternité appartient au féminin, comment expliquer que, dans le cas présent, le féminin rejette l’idée de la maternité ?
Claire de Saint Lager : On peut se demander pourquoi certaines femmes ne ressentent pas de désir d’enfant. Parmi les raisons qu'elles invoquent, il y a l’idée que l’enfant est un poids et qu’il représente un sacrifice, une perte : de temps, de liberté, de vie de couple, d’opportunités de carrière…

Ces arguments, dans un certain sens, montrent du doigt les excès de la maternité. Il y a aujourd’hui une pression telle sur les mères pour qu’elles soient parfaites, que cela fait peur ! La maternité, lorsqu’elle est excessive, fusionnelle et qu’elle suggère qu’il faille tout sacrifier (son temps, ses passions, sa vie de couple) pour son enfant, est dissuasive. Ecouter ces femmes qui ne veulent pas d’enfant nous révèle finalement les travers d’une maternité excessive.

Selon vous, quelle serait alors une juste maternité ?
La maternité est une école du détachement. Un enfant nous est confié, petit, il est totalement dépendant de sa mère, mais en même temps, il est appelé à partir et à voler de ses propres ailes. Il est donc important de cultiver une vie de femme et d’épouse, à côté de sa vie de mère. La maternité est aussi une école de détachement dans la mesure où on ne peut pas protéger indéfiniment notre enfant des blessures, elles font partie de la vie.

woman thinking

Lâcher du lest et garder l’espérance nous place dans un autre rapport à l’amour, qui n’est pas la toute-puissance ni la surprotection, mais l’expérience de la gratuité de l’amour. Une maternité est excessive lorsque la mère pourvoit à tout et tout le temps. Avoir un enfant ne signifie pas être la seule responsable jusqu’à la fin de ses jours. Il faut apprendre à partager les rôles et savoir déléguer aux relais de l’éducation que sont l’école, les grands-parents, le scoutisme… Et dans ce cas-là, avoir un enfant n’est plus synonyme de privation de liberté.

Une fois rétablie l’image de la maternité, que pensez-vous des autres arguments invoqués en sa défaveur ?
Certaines femmes parlent d’une autre forme de fécondité qui leur convienne mieux : leurs relations avec leurs neveux et nièces, par exemple. Je pense que la maternité n’est pas uniquement charnelle. Il existe d’autres formes de maternité, et qui porte aussi du fruit. Il y a plein de manières d’être féconde en tant que femme, je pense aux professeurs dévouées à leurs élèves, aux religieuses, à celles qui sont engagées dans des associations ou dans l’écriture d’un livre… et dont les fruits les dépassent.

En revanche, d’autres allèguent de faux arguments, qui sont symptomatiques de la société. Notamment celui de perdre le contrôle de sa vie. Avoir un enfant nous bouscule. Or aujourd’hui, comme on peut tout contrôler, on refuse de se laisser bousculer ou de se faire surprendre par la vie. L’argument qui évoque l’instabilité économique ou écologique est aussi, selon moi, une fausse raison : ce sont nos enfants qui construiront la société de demain. A nous de leur transmettre les armes nécessaires pour qu’ils transforment le monde.

Pratique

La Voie de l'amoureuse, libérer le féminin : désir, intériorité, alliance, Claire de Saint Lager, Éditions Artège, septembre 2017, 17,50 euros.
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