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Comment passe-t-on de joueur dans le plus grand club de foot du monde à prêtre ?

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Louis du Bosnet - publié le 10/01/18
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Là où les anciens footballeurs professionnels orientent leur reconversion vers des postes d’entraîneurs ou encore de consultants pour la télévision, Philip Mulryne, ancien joueur de Manchester United, a trouvé une nouvelle vocation dans le sacerdoce.Philip Mulryne, ancien joueur de Manchester United entre 1996 et 1999 où il a côtoyé un certain David Beckham, a été ordonné prêtre pour l’ordre dominicain en juillet dernier. Les médias s’étaient alors largement fait l’écho de cette “reconversion” pour le moins singulière… en apparence. Peu disert dans les médias, cet Irlandais de 40 ans s’est récemment confié au quotidien sportif espagnol Marca pour dresser des parallèles entre sa nouvelle vie de prêtre et son ancienne de sportif de très haut niveau.


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“Ma vie de dominicain est en grande partie similaire à ma vie de footballeur, témoigne-t-il. Par exemple, je vis dans une communauté aux côtés d’autres hommes qui poursuivent le même objectif, même si le “but” est différent. Au foot, on recherche les trophées, alors qu’un dominicain cherche Dieu et partage son amour avec les autres. Mon supérieur dans l’Église est un peu comme mon entraîneur et la vie de religieux est stricte et disciplinée. Comme celle de footballeur professionnel. Ma vie a changé mais je peux aussi apporter énormément de valeurs que j’ai apprises en tant que sportif de haut niveau et les utiliser au cours de mon sacerdoce”, raconte l’ex-milieu de terrain.

PHILIP MULRYNE

Irish Province of the Dominican Order

Le football, des émotions fugaces

À l’écouter, l’ancien Mancunien n’éprouve pas le moindre regret au sujet de son ancienne vie. “Je ne peux pas nier que ma carrière de footballeur m’a permis de vivre de façon très confortable, ce qui m’a procuré une forme de jouissance par moment. Mais il s’agissait la plupart du temps d’émotions fugaces répondant à des besoins créés de toute pièce par cette société mercantile. Or, le bonheur que me procure ma nouvelle vie n’a rien de comparable. Le fait de savoir que Dieu m’aime et me soutient demeure plus important que tout à mes yeux”, dit-il.


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Si la foi de Philip Mulryne n’est pas nouvelle en soi, elle n’a néanmoins jamais été aussi prégnante qu’aujourd’hui. “J’ai toujours été croyant mais pendant mes treize années passées dans le monde du foot, je m’étais éloigné de la pratique de la religion. Alors, quand Dieu m’a soumis sa proposition de devenir prêtre, j’ai foncé ! “.

PHILIP MULRYNE

Irish Province of the Dominican Order

L’ancien coéquipier de David Beckham se plaît à se souvenir précisément du jour où, en quête de spiritualité, son cheminement vers Dieu s’est imposé comme une évidence. “L’époque à laquelle j’ai travaillé en aidant des alcooliques et dans un centre pour SDF a changé ma vie. J’ai vu dans ces hommes déchirés des personnes qui ont une grande dignité. Ils m’ont montré l’égoïsme qui avait existé en moi quand j’étais footballeur et ils m’ont amené à me rendre compte que plus nous nous consacrons aux autres, plus nous sommes vraiment humains, et nous recevons plus quand nous donnons de notre temps pour aider les autres. Voir Jésus dans ces hommes, c’est ce que j’ai appris et ce qui m’a changé”.

“J’ai vécu le vœu de pauvreté comme un véritable don”

Une fois son entrée au séminaire actée, l’Irlandais a dû tourner la page du showbiz du foot pour se conformer aux exigences de vie imposées par le vœu de pauvreté. Un grand écart dont il s’est accommodé assez aisément. “J’ai vécu le vœu de pauvreté comme un véritable don. Non pas parce que nous renonçons à posséder de l’argent (“Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent”, Matthieu 6, 24 ; Lc 16, 13), mais parce que nous apprenons à dépendre de Dieu et de nos frères en vivant en communauté”, dit-il. “L’accumulation de richesse peut conduire à une certaine agitation alors que la foi conduit à une plus grande satisfaction”.


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Philip Mulryne, 27 sélections dans l’équipe de l’Irlande du Nord, jette un regard distant désormais sur le football professionnel. Il redoute que les millions qui y circulent et le culte des supporters voué à quelques joueurs conduise à faire de ce sport une “religion” à part entière. “Un joueur qui a la foi sera peut être plus équilibré selon lui et ne tombera pas dans l’illusion qu’il est meilleur que le reste du monde”, souligne-t-il en appelant de ses vœux le développement systématique et obligatoire d’œuvres de charité pour ces quelques stars. Pourquoi ? “Pour qu’ils gardent les pieds sur terre et voient que Dieu leur a non seulement donné un talent pour eux-mêmes mais aussi pour les autres”

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