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Prison : installer un téléphone fixe dans chaque cellule, une initiative qui va dans le bon sens ?

France - Prison - Phone
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Agnès Pinard Legry - publié le 04/01/18
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Le ministère de la Justice s’apprête à équiper d’un téléphone fixe plus de 50 000 cellules de prison dans près de 180 établissements pénitentiaires. Une démarche intéressante mais qui doit être précisée, décrypte pour Aleteia Anne Lécu, religieuse dominicaine et médecin dans une maison d’arrêt d’Île-de-France depuis 21 ans.

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Le dispositif était expérimenté depuis juillet 2016 dans la prison de Montmédy (Meuse). Et l’essai a été concluant : le ministère de la Justice a fait part de sa volonté d’installer en prison un téléphone fixe par cellule. D’après le Monde, plus de 50 000 cellules de 178 établissements pénitentiaires sont ainsi concernées. Un appel d’offres pour une concession de dix ans a été lancé par la Chancellerie.

Cette annonce a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Pierre Charon, sénateur Les Républicains de la ville de Paris, a ainsi fait part de son scepticisme : « Avec une hotline Daesh ? on vit une époque formidable !!! #EI ». Des propos qui ont vivement fait réagir Anne Lécu, sœur dominicaine et médecin depuis 21 ans à la maison d’arrêt pour femmes de Fleury-Mérogis (Essonne).

https://twitter.com/JustSisterAnne/status/948281519340126208

Contactée par Aleteia, Anne Lécu est revenue sur l’intérêt d’une telle proposition. « Cette annonce va bien évidemment dans le bon sens car elle permet aux détenus de conserver un lien avec leur famille, détaille-t-elle. Je travaille dans une maison d’arrêt pour femmes et je mesure chaque jour l’importance pour elles d’avoir des nouvelles de leurs familles, et surtout de leurs enfants ».

« La plus grande difficulté pour les détenus est le sentiment d’abandon, reprend la religieuse. Dès qu’ils ont besoin de quelque chose, que ce soit médical, logistique ou autre, ils écrivent. Mais le système administratif étant ce qu’il est, la réponse n’arrive pas toujours et quand elle arrive, très souvent en retard, c’est dans un style très informel ».


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Mettant en avant une « disjonction entre le rapport au temps des prisonniers et le nôtre », Anne Lécu estime que ce téléphone fixe, dans chaque cellule, pourrait ainsi contribuer à ré humaniser les relations. « Au moins, ils auront des proches à qui ils pourront parler plus facilement de ce sentiment ! ». Plusieurs études montrent ainsi que l’aménagement des peines et le maintien d’un lien fort avec la famille et les proches limitent le risque de récidive du détenu.

19 339 téléphones portables découverts en six mois

À ceux qui pointent du doigt le risque terroriste, le médecin répond avec fermeté. « Il ne faut pas se leurrer et se tromper de combat : aujourd’hui, presque tous les détenus ont un téléphone portable dans leur cellule. Le véritable enjeu est de contrôler ce trafic ainsi que les appels qui sont émis et reçus ». En 2016, 33 000 téléphones et accessoires ont ainsi été saisis dans les prisons françaises. Au seul premier semestre 2017, 19 339 téléphones portables et accessoires ont été découverts dans les prisons françaises.


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Mais cette annonce du ministère de la Justice doit être précisée. « Il va falloir suivre de près l’application concrète de cette démarche, nuance Anne Lécu. Cela va-t-il concerner tous les détenus ? Quel sera le coût pour chaque détenu ? Quel montant va être dégagé pour l’entretien de ces téléphones ? », s’interroge la religieuse. D’après les premiers éléments, chaque détenu devrait pouvoir joindre un nombre limité de contacts lorsqu’il le souhaitera, à la seule condition qu’ils soient validés par l’administration pénitentiaire.

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