Le pape François reconnait les « vertus héroïques » de cette grande figure qui a fait évoluer les politiques sociales en France, une étape importante vers la béatification tant attendue, après presque 30 ans d’enquête sur sa vie et son œuvre.Théologiens et historiens étaient unanimes… Madeleine Delbrêl, poète, assistante sociale et mystique, a tout d’une sainte. Et le pape François a répondu au souhait de beaucoup d’évêques de France et d’ailleurs, en reconnaissant, le 27 janvier dernier, ses « vertus héroïques », une étape importante vers sa béatification et peut-être sa canonisation. Pour l’heure, il faut maintenant la reconnaissance d’un miracle par son intercession pour arriver à la béatification. Une enquête est en cours. Les catholiques du Val-de-Marne attendent et prient pour que leur vœu se réalise.
Conversion fulgurante
Madeleine Delbrêl est né en 1904 à Mussidan, en Dordogne, dans une famille catholique non pratiquante. Convertie au christianisme à 20 ans, après avoir été “éblouie par Dieu” en l’église Saint-Dominique à Paris, elle part s’installer dans la banlieue populaire communiste d’Ivry-sur-Seine, avec une poignée d’amies, où elle se confronte avec l’athéisme marxiste et n’hésite pas à aller à contre-courant pour y annoncer l’Evangile. Madeleine n’a pas voulu être religieuse et se déclarait “laïque”. Pourtant avec ses compagnes elle vivait une appartenance à Dieu seul en suivant les “conseils évangéliques” du célibat, de la pauvreté et de l’obéissance.
Lire aussi :
Jean Paul Ier, un pasteur doté d’une “extraordinaire sensibilité culturelle et sociale”
Quand elle arrive à Ivry en 1933, elle fonde une communauté de laïques, “la charité de Jésus”, qui deviendra les “Équipes Madeleine Delbrêl”. En 1936, elle obtient son diplôme d’assistante sociale et peut alors commencer à développer des actions collectives qui feront évoluer les politiques sociales de l’époque. Tant d’activités promouvant une culture de la rencontre et d’aller aux “périphéries” auxquelles le pape François est si attaché.
Son message s’universalise
L’engagement de Madeleine et de ses compagnes est total. Dotée d’une rare capacité d’empathie, elle noue des relations avec tout le monde. Elle dit ce qu’elle pense mais sans jamais heurter quiconque, arrive même à rapprocher chrétiens et communistes, devient la sœur ainée des prêtres ouvriers (1953-1958). En 1996, dans leur lettre aux catholiques de France Proposer la foi dans la société actuelle, les évêques l’ont présentée aux côtés de sainte Thérèse de Lisieux comme une figure de référence pour le monde actuel, tant la profondeur de leur vie de foi et leur élan missionnaire se ressemblent. Mgr Santier assure que “Madeleine Delbrêl a mis au cœur de sa vie le Christ et les plus pauvres, c’est une marque de sainteté. Elle a perçu des questions qui se posent aujourd’hui, comme l’évangélisation dans un monde marqué par la sécularisation. C’est pour ça qu’elle est très moderne et très lue. Son message s’universalise”. Jusqu’à sa mort en 1964, à l’âge de 60 ans, Madeleine, essayiste et poétesse, écrit en effet sans relâche. 22 volumes sont aujourd’hui édités.
Rue Raspail, une nuée de visiteurs
En attendant la décision du Pape, les visiteurs continuent à se presser par centaines sur le pas de sa porte, rue Raspail à Ivry, porte qu’elle laissait toujours ouverte à ceux qui avaient faim, besoin d’un toit, ou simplement d’une écoute. L’association des Amis de Madeleine Delbrêl et l’évêché souhaitent faire “revivre la maison”, à travers des activités spirituelles et sociales, et un réaménagement des lieux prévoyant un parcours audio de méditation et un auditorium avec librairie, à la hauteur de sa réputation hors du commun qui fait d’elle une des grandes figures spirituelles du XXe siècle.
Lire aussi :
Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, bientôt béatifiée ?