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En pleine affaire Harvey Weinstein, l’actrice italienne fétiche de Fellini et Visconti, a livré un témoignage bouleversant à la presse italienne : "J'ai été violée à l'âge de 16 ans, mais de cette violence est né mon merveilleux Patrick", a t-elle confié au Corriere della Serra. Un "mais" qui en dit long. Claudia Cardinale n’est pas la seule protagoniste de ce récit. C’est aussi son fils et le courage qu’elle a eu de ne pas s’en libérer. Pour ne pas rajouter de la souffrance à une autre souffrance. Celle de la violence d’un homme fort et inconnu d’une part. Celle de l’avortement et la désolation d’autre part.
Lors de son récit, Claudia ne s’attarde pas trop sur tous les moments douloureux qu’elle a dû traverser. Elle ne retrace pas l’histoire dans tous ses tristes détails. Ce fils, c’est la petite pierre de la rivière. Il rappelle tant d’autres enfants nés de nombreuses histoires similaires. Des enfants nés d’hommes qui, au nom de la force et d’une pulsion sexuelle, recherchent du plaisir chez une femme à qui ils laissent des séquelles, une profonde douleur et une grande humiliation.
La violence comme étouffée par l’émerveillement d’une mère
"Un homme que je ne connaissais pas, plus âgé que moi, m’a forcée à monter dans sa voiture et m’a violée. C’était horrible (…)." Une seule virgule suit, et un mais. Puis voilà la merveille : "(…) Mais de cette violence est né mon merveilleux Patrick". À l’époque, Claudia avait 16 ans et se trouvait à Tunis, sa ville natale. Elle était belle, jeune, admirée de nombreux hommes. Mais l’un d’eux s’est saisi d'elle, l’a violée et puis elle est tombée enceinte. Elle a révélé n’avoir jamais voulu se débarrasser de l'enfant. Et ses parents, exemplaires, ainsi que sa sœur Blanche, l'ont soutenue dans sa décision.
Certaines choses sont connues depuis toujours, comme cette conscience qu'un acte horrible et violent peut mener à la grossesse. Qu'une grossesse est le seul début possible pour la vie. Cependant, si le chemin est interrompu, la vie est interrompue. Et le fils, né de cette union forcée et violente, n’avait fait aucune faute. Cela a dû être difficile et pourtant Claudia n’ajoute pas grande chose à son histoire, lors de l’interview accordée à la mi-octobre au journal italien. Le mot "violence" est comme étouffé par l’émerveillement d’une mère à l’égard de la vie de son enfant.
Le fils, né à Londres, s’appelle Patrick parce qu’il a été baptisé à l’église Saint-Patrick. C’est dans la capitale anglaise que la belle et jeune maman avait échappé à son violeur qui voulait qu’elle avorte lorsqu’il a appris sa grossesse. C’est là, dans cette ville, que la jeune Claudia, qui venait de commencer une carrière dans le cinéma, s’était enfuie grâce à un important producteur italien Franco Cristaldi. Cependant, après avoir commencé une relation amoureuse avec lui, Claudia a dû faire preuve une fois de plus de courage. Cristaldi avait demandé qu’elle garde secrète la naissance de l’enfant pour éviter un scandale et ne voulait pas que l’enfant vive au milieu d’eux. Malgré cela, et malgré la lâcheté d’une brute, le courage d'une jeune femme et de sa famille a permis à Patrick de voir le jour.