La Réforme ne se résume pas à Luther ou à Calvin…Cette année marque les 500 ans des “95 thèses” de Martin Luther, point de départ de la Réforme protestante, qui aboutit en quelques années à une rupture avec le Vatican. De nombreux noms de protagonistes nous reviennent en mémoire, en premier lieu Luther et Calvin. Mais au-delà de ces deux personnalités importantes, de nombreuses femmes ont également joué un rôle décisif, et sans elles, le mouvement n’aurait probablement pas eu la même notoriété. Dans un article récent co-écrit avec la docteur Lidia Rodríguez et paru dans Entre letras, Marta López, pasteure à l’Église protestante de Barcelone Centre, met en avant quatre femmes protagonistes de la Réforme, que l’histoire a passées sous silence.
Katharina von Bora (1499-1552)
Aussi appelée Catherine de Bore en français, c’était l’épouse de Martin Luther. C’était aussi l’une des religieuses qui l’a aidé à fuir du couvent cistercien de Marienthron. Elle était très impliquée dans la vie intellectuelle de son époque et participait aux débats théologiques qui se tenaient chez elle avec d’autres réformateurs. Katharina von Bora a marqué l’histoire par son esprit d’entreprise. Elle a notamment été l’instigatrice de l’impression d’une grande partie des œuvres de Luther.
Marie Dentière (1495-1561)
Marie Dentière était une sœur augustinienne très impliquée dans la vie politique et religieuse de la ville de Genève. Elle a prêché contre le célibat et a participé activement à la fermeture de couvents pour femmes. Elle est l’auteur du célèbre Epistre tres utile, un pamphlet dédié à la reine Marguerite de Navarre, soeur de François Ier, dans lequel elle exprime son rejet des fonctions donnés aux femmes sous la Réforme, qui se limitaient à leur donner un rôle de femme soumise. Marie Dentière affirme que les hommes et les femmes sont égaux quant à leur capacité à interpréter les textes sacrés et à réfléchir à la théologie. Ses opinions et ses arguments ont indigné les protestants comme les catholiques. Ses textes ont été censurés.
Catherine Zell (1497-1562)
Catherine Zell se considérait comme la « mère de l’Église », et durant la Guerre des paysans (1524-1525), elle a organisé un service d’accueil pour les personnes déplacées par le conflit et s’est occupée de centaines de victimes. Dans son texte qui commente le Notre Père, elle compare Dieu à une mère qui connait les douleurs de l’accouchement, elle exige le diaconat pour les femmes et revendique la participation publique des femmes réformatrices. Toutefois, elle s’est vue obligée de signer certains de ses écrits avec le nom de son mari, Matthäus Zell, pour éviter la censure.
Argula von Grumbach (1492-1554)
Argula von Grumbach est la première femme à publier un pamphlet en faveur de la Réforme. Elle est issue d’une famille de la noblesse bavaroise. Elle a demandé un débat public en allemand à l’université d’Ingolstadt dans un pamphlet où elle dénonçait l’expulsion du jeune Arsacius Seehofer pour avoir diffusé les enseignements de Luther. Son pamphlet ne reçut aucune réponse, mais il fut réimprimé à Nuremberg, Bâle, Augsbourg, Strasbourg, Stuttgart et Leipzig. En revanche, ses actions lui ont causé des problèmes avec sa famille et elle a été violentée par son mari, car en défendant les idées protestantes, la préfecture locale fut détruite.