Le diocèse de Paris ne se laisse pas tromper par la température estivale et prépare activement Hiver solidaire 2017-2018, son initiative pour l’accueil des sans-abri.En décembre 2008, Mgr André Vingt-Trois demandait aux paroisses de s’organiser pour accueillir les sans-abris, pendant la saison froide. Depuis ce premier “Hiver solidaire”, auquel dix paroisses avaient participé, l’initiative prend plus d’ampleur chaque année, s’enthousiasme le diocèse de Paris. L’hiver dernier 166 personnes ont été accueillies sur une période de deux à quatre mois, 93 personnes ont trouvé un toit à la sortie, dont 47 en hébergement pérenne et 46 en hébergement d’urgence. Pour ce résultat, 24 paroisses étaient mobilisées, 2200 bénévoles et deux travailleurs sociaux. Cette année ce sont deux paroisses supplémentaires qui s’engagent pour participer à l’opération qui s’étend de mi-décembre à mi-mars.
Une nuit au chaud et un accueil par les paroissiens
“Nous voulons que l’accueil soit fraternel et familial, c’est pourquoi nous tenons à ce qu’il y ait toujours à peu près le même nombre de personnes accueillies que de bénévoles”, explique Pascal Blavot, diacre, responsable d’Hiver solidaire. Les salles paroissiales deviennent des salons, où les bénévoles apportent leurs repas fait maison. Cet accueil personnalisé permet à beaucoup de sans-abri de découvrir qu’ils ont du prix aux yeux des autres, et ils retrouvent du prix à leurs propres yeux. Pascal Blavot témoigne que certains, au terme de l’hiver, réalisent des démarches essentielles, comme de refaire des papiers d’identité : “33 d’entre eux n’avaient aucun suivi social avant l’hiver, et se sont remis en relation avec des associations qui les aident”, témoigne-t-il.
L’an dernier, l’une des paroisses impliquées a reçu l’appel d’une dame bénévole, pleine de bonne volonté mais aveugle. Les bénévoles en place se demandaient comment gérer ce handicap, mais le cinquantenaire a balayé leurs interrogations. Elle est arrivée avec la marmite qu’elle avait confectionnée, et tous les sans-abri accueillis se sont mis à l’aider. “Maintenant, ils demandent de ses nouvelles, promènent son chien ou l’aident à traverser la rue quand ils la voient. Les choses se sont inversées, s’étonne Pascal Blavot, ce sont eux qui la soutiennent !”
Une mine de bonnes volontés
L’an dernier, chaque paroisse comptait entre 60 et 100 bénévoles. “Ce ne sont pas forcément les personnes auxquelles on pense qui viennent”, constate Pascal Blavot. Il y a certes, les fidèles, mais aussi beaucoup de paroissiens assez éloignés de l’église et peu pratiquants. Le principe de Hiver solidaire intéresse d’autres diocèses, qui voudraient reprendre le principe et le nom de l’opération. Les organisateurs parisiens rédigent donc actuellement une charte qui s’appliquera aux paroisses souhaitant participer à l’opération. Dans les années à venir, Hiver solidaire pourrait donc passer les “murs” de Paris.
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