Actuellement au cinéma, la comédie française écrite et réalisée par l’humoriste Fabrice Éboué joue sur la corde sensible du dialogue interreligieux. Les armes contre les conflits ? L’humour, le chant et le péché. Ils nous rassemblent tous.
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Fabrice Éboué signe avec Coexister son premier long-métrage en solo, puisque pour ses deux précédents films il officiait en tant que co-réalisateur. Il tient ici le rôle d’un producteur de musique, Nicolas, dépassé par sa faute. Après avoir trompé sa femme celle-ci ne veut plus le voir. Sa boîte, en perte de vitesse, risque l’effondrement. Sans compter que la présidente du groupe qui en est actionnaire compte en tirer derechef des bénéfices. Mathilde Seigner l’incarne d’ailleurs très bien. La solution pour relancer ses affaires ? Trouver un rabbin, un prêtre et un imam pour qu’ils forment un trio de chanteurs. Une solution marketing en somme. Le début d’un parcours du combattant surtout.
Si la dérision et l’humour ne peuvent sauver le monde, alors qui donc s’en chargerait ? À voir la vitesse avec laquelle les conflits interreligieux progressent et se perpétuent, on pourrait se le demander. Sans prétendre soutenir une thèse si sérieuse, cette comédie bien menée, mais parfois facile, a l’avantage de dégoupiller les tensions. Cahin-caha, le groupe de chanteurs se constitue, un vrai prêtre, porté haut par Guillaume de Tonquédec, un faux imam dépravé sous les traits de Ramzy et un rabbin destitué de ses fonctions font les candidats idéaux. Pour certains, le trio apparaîtra comme des plus déplorables. Pour d’autres, il sera à l’image d’une humanité dépareillée, qu’il faut respecter comme telle, avec toutes ses faiblesses. L’important étant de s’attacher au cœur. Au niveau du casting, les têtes d’affiche assurent le show. Mais s’agissant du film en lui-même, les rôles de l’imam et du rabbin sont un peu tirés par les cheveux. Parfois trop de comédie confine à la lourdeur.
L’humanité fait la force
Ces trois hommes de religion font face à un plus grand défi, s’entendre entre eux avant de prétendre divulguer un message de paix et d’amour au public par leurs chansons. Comment peuvent-ils s’y prendre ? On découvre ainsi que les conflits ne sont pas seulement dus aux religions elles-mêmes — si seulement celles-ci pouvaient être mieux explicitées dans le film. Ou bien s’en passerait-on ? L’essentiel, en effet, est d’écouter et de regarder ces hommes, le producteur compris, s’en vouloir pour leurs fautes, s’excuser de leurs bêtises, avouer qu’ils ont besoin d’aimer et d’être aimés, plus ou moins adroitement, mais aussi d’être pardonnés. Touchante leçon et triste réalité que de se découvrir si faibles. Sans le vouloir peut-être, cette comédie pointe du doigt le pourquoi de l’existence des religions elles-mêmes, comme un fil rouge remonté jusqu’au bout : “La chair est triste, hélas”, comme dirait Mallarmé. Même si le film n’a aucune vocation de profondeur et de transcendance, on aurait bien voulu la percevoir à un moment donné. La morale de la fin est confuse, bien qu’elle demeure fidèle à l’esprit du film.
Passons outre l’omniprésence du sexe et des débauches, auxquelles aucun membre du trio n’échappe, pour ne garder que le meilleur : l’unité est possible, si chacun reconnaît ses faiblesses et son besoin de l’autre. L’Olympia est rempli à plusieurs reprises pour la tournée de Coexister, un succès, fugace, des religions unies. Un espoir à faire durer, si l’on parvient à garder le sens de l’humour une fois le film terminé.