À Ségovie, le dernier monastère de l’Ordre de saint Jérôme qui fut, à une époque, le plus important de toute la péninsule ibérique, tient bon grâce à une petite communauté dynamique.Avant la guerre civile espagnole, au XIXe siècle, l’Ordre — dont les moines, les Hiéronymites, se comptaient alors par centaines — fut supprimé et ses propriétés comme les monastères, les fermes et hôtelleries furent saisies. Les moines tentèrent alors de vivre leur vie du mieux possible. Désormais sécularisés et dispersés, ils se lancèrent dans différents métiers et devinrent fermiers, forgerons, ouvriers…
Solitude, silence, contemplation, travail et pénitence sont les fondements de cet ordre qui compta jusqu’à plusieurs milliers de moines en Espagne et au Portugal. Étonnamment, il est exclusivement cantonné à la péninsule ibérique. Il ne fut restauré qu’en 1925. C’est alors que le Bienheureux Manuel de la Sagrada Familia, exécuté pendant la guerre civile espagnole, redonna une impulsion nouvelle à l’Ordre au sein d’un unique monastère, celui de Santa María del Parral, à Ségovie.
Aujourd’hui, les neuf derniers hiéronymites qui vivent à El Parral maintiennent l’ordre bien vivant. Plus surprenant, ils accueillent de nouveaux candidats en permanence. “Oui, bien sûr, nous recevons de nombreuses personnes qui se sentent appelées à ce style de vie contemplative ; mais ce qu’il faut ici, c’est de la persévérance”, a ainsi confié le prieur, dans une interview au journal El Español, sans apparaître préoccupé par l’avenir de l’Ordre. “La préoccupation, c’est un mot que j’ai banni, à la fois dans mon esprit et dans mon vocabulaire, car c’est quelque chose de stupide : cela signifie qu’une chose nous occupe avant même qu’elle ne se soit produite. Or je sais d’expérience, ici au monastère ou dans ma vie d’avant, que bien souvent les choses se font à leur façon. Les gens disent : “Mais qu’en est-il de l’Ordre ? N’êtes-vous pas en train de vivre vos derniers jours ? Pensez-vous que l’ordre va perdurer ?” Eh bien, jusqu’à présent, nous sommes là. Dans l’Ancien Testament, on retrouve une donnée constante, par exemple chez Daniel et chez Esther, qui dit en gros : “Dieu peut-il remédier à cette situation ? Oui, mais s’Il ne le fait pas, Il reste notre Dieu. Lui seul connaît le pourquoi du comment !”
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