Ces anges arquebusiers ne sont visibles qu’à Cuzco, au Pérou. Les anges guerriers sont souvent représentés arborant des lances, des boucliers ou des épées, comme on en trouvait à l’époque romaine ou médiévale. Mais quand les nobles et les aristocrates des Andes — appartenant à la Vice-Royauté du Pérou — entreprirent de reproduire les gravures espagnoles et hollandaises dans les lointaines provinces de l’Empire espagnol au XVIIe siècle, les armes brandies par les armées célestes changèrent du tout au tout. Les anges abandonnèrent leurs armes traditionnelles pour se munir d’arquebuses, l’arme à feu à chargement classique dans l’Europe du XVe siècle.
La plupart de ces “ángeles arcabuceros” (anges arquebusiers) sont en fait des anges apocryphes. Uriel, mentionné dans le Second livre d’Esdras (l’un des livres pseudo-épigraphes inclus dans un appendice à la Vulgate) était souvent représenté par les peintres de la région de Cuzco. Nombre de ces motifs apocryphes, bien qu’interdits en Europe, survécurent dans les colonies, probablement à cause de l’influence de certaines collections de gravures ou d’autres images pieuses.